Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/487

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dition libre, de race d’affranchi ; & on n’admettoit point d’esclave à cet office.

Quand les dictateurs paroissoient en public, ils étoient précédés par vingt-quatre licteurs ; les consuls par douze ; les pro-consuls, les préteurs, les généraux par six ; le préteur de la ville par deux ; & chaque vestale qui paroissoit en public, en avoit un par honneur. Comme les édiles & les tribuns ne jouissoient point de l’exercice de la haute justice, les huissiers qui les précédoient s’appelloient viatores, parce qu’ils étoient souvent en route pour donner des ajournemens aux parties.

La charge des licteurs consistoit en trois ou quatre points, 1°. submotio, c’est-à-dire à contenir le peuple assemblé, & chaque tribu dans son poste ; à appaiser le tumulte s’il s’en élevoit ; à chasser les mutins de la place, ce qu’ils exécutoient avec beaucoup de violence ; enfin, à écarter & à dissiper la foule. Horace, Ode XVI. l. II. fait une belle allusion à cette premiere fonction des licteurs, quand il dit :

Non enim gazæ, neque consularis
Submovet lictor miseros tumultus
Mentis, & curas laqueata circum
Tecta volantes.

Eussions-nous encore une escorte plus nombreuse que celle de nos consuls, nous ne viendrions pas à bout de dissiper le tumulte de nos passions, ni les soucis importuns qui voltigent autour des lambris dorés ; le licteur peut bien écarter, submovere, le peuple, mais non pas les troubles de l’esprit.

Matronæ non summovebantur à magistratibus, dit Festus : les dames avoient ce privilége à Rome, de n’être point obligées de se retirer devant le magistrat ; ni licteurs, ni huissiers, ne pouvoient les contraindre de faire place ; on le défendit à ces gens-là, de peur qu’ils ne se servissent de ce prétexte, pour les pousser ou les toucher. Ils ne pouvoient pas même faire descendre leurs maris, lorsqu’ils étoient en carrosse avec elles.

La seconde fonction des licteurs se nommoit animadversio ; ils devoient avertir le peuple de l’arrivée ou de la présence des magistrats, afin que chacun leur rendît les honneurs qui leur étoient dus, & qui consistoient à s’arrêter, à se lever si l’on étoit assis, à descendre de cheval ou de chariot, & à mettre bas les armes si on en portoit.

La troisieme fonction des licteurs s’appelloit præitio ; ils précedoient les magistrats, marchoient devant eux, non tous ensemble, ni deux ou trois de front, mais de file, un à un, & à la suite les uns des autres. De-là vient que dans Tite-Live, dans Valere-Maxime, dans Ciceron, on lit souvent primus, proximus, secundus lictor. Lipse rapporte une inscription qui fait mention du proximus lictor.

Une quatrieme fonction des licteurs, étoit de marcher dans les triomphes devant le char du triomphateur, en portant leurs faisceaux entourés de branches de laurier.

Je ne m’amuserai point à rechercher si dans les cas ordinaires, ils portoient leurs faisceaux droits, ou sur l’épaule ; je remarquerai seulement, qu’outre les faisceaux, ils tenoient des baguettes à la main, dont ils se servoient pour faire ouvrir la porte des maisons où le magistrat vouloit entrer.

Pline observe que Pompée après avoir vaincu Mithridate, défendit à son licteur de se servir de ses baguettes pour faire ouvrir la porte de Possidonius, dont il respectoit le savoir & la vertu.

Enfin, quand les magistrats vouloient plaire au peuple & gagner sa faveur, ils faisoient écarter leurs licteurs, & c’est ce qu’on appelloit submittere fasces. Voyez Faisceaux. Mais les magistrats n’eu-

rent le glaive en main que sous la république & les premiers empereurs ; ce furent ensuite les soldats du prince qui prirent la place de licteurs, pour arrêter les coupables, & pour trancher la tête. Voyez Rosinus, Pitiscus, Bombardini, de carcere, Middleton, & autres. (D. J.)

LIDA, (Géog.) en latin Lida, petite ville de Pologne avec une citadelle, située dans la Lithuanie, au palatinat de Troki, dont elle est à 17 lieues S. E. sur le ruisseau de Dzila. Long. 44. 4. latit. 53. 50. (D. J.)

LIDDA ou LIDDE, (Géogr. sacrée.) ancienne ville dans la Palestine, & de la tribu d’Ephraim. Les Grecs l’appellent encore Diospolis, la ville de Jupiter. Elle étoit une des onze toparchies de la terre promise. S. Pierre y guérit un paralytique, & cette ville, du tems du regne des Chrétiens, devint un évêché, mais aujourd’hui Lidda, n’est plus qu’un petit bourg, où l’on tient un marché par semaine. Voyez le P. Roger, voyage de la Terre sainte, liv. I. chap. xiij.

LIDDEL, la, (Géog.) riviere de l’Ecosse méridionale ; elle a ses sources dans la province de Lidesdale, à laquelle elle donne son nom, va se joindre à la riviere d’Esck, & se rendent ensemble dans la baie de Solway.

LIDDESDALE, Liddesdalia, (Géog.) province de l’Ecosse méridionale, aux confins de l’Angleterre, où elle est séparée par une chaîne de montagnes du Northumberland au levant, & du Cumberland au midi. Elle prend son nom de la riviere de Liddel, qui l’arrose. Il faut rapporter à cette province l’Eskdale, l’Eusdale & le Wachopdale, trois territoires qui tirent leurs noms des petites rivieres l’Esck, l’Ew & le Wachop. (D. J.)

LIE-DE-VIN, (Chimie.) Voyez à l’article Vin.

Lie, s. f. (Vinaigrier.) c’est la partie la plus épaisse & la plus grossiere des liqueurs, qui forme un sédiment en tombant au fond des tonneaux, lorsque les liqueurs se sont éclaircies.

Les Vinaigriers font un grand commerce de lie de vin qu’ils font sécher, & dont ils forment des pains, après en avoir retiré ce qui y reste de liqueur par le moyen de petits pressoirs de bois. Voyez Vinaigrier.

Les Cabaretiers marchands de vin & autres qui vendent le vin en détail, sont tenus de vendre leur lie aux Vinaigriers, & il ne leur est pas permis d’en faire des eaux-de-vie.

La lie brulée & préparée d’une certaine maniere, forme la gravelée, dont les Teinturiers & autres artisans se servent dans les ouvrages de leur métier.

C’est avec de la lie que les Chapeliers foulent leurs chapeaux.

Lie d’huile, (Mat. méd.) en latin amurca, du mot grec ἀμύρχη, qui signifie la même chose, est la résidence qui se fait au fond du vaisseau, où l’on a mis l’huile d’olive nouvellement exprimée pour la laisser dépurer.

Elle est émolliente, adoucissante, résolutive, propre pour calmer la douleur de tête, étant appliquée sur le front, & pour arrêter les fluxions. Lemery, traité des drogues simples.

LIÉ, (Gramm.) participe du verbe lier. Voyez Lier.

Lié : on dit, en Peinture, des lumieres bien liées, des groupes qui se lient bien, c’est-à-dire qui se communiquent bien, & qui, quoique séparés, forment une belle union. Lorsqu’entre deux objets éclairés, il se trouve un espace qui ne l’est pas, & qu’il seroit avantageux qu’il le fût, le peintre place dans cet intervalle quelque objet qui par la saillie reçoit la lumiere, de façon qu’elle se lie aux autres lumieres, & semblent n’en faire qu’une avec elles. Il