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car une indigestion totale ou un refroidissement extrème est ἄφυσον, sans vents ; peut-être aussi, dit-il, les rots acides emportent la polissure des intestins.

Il est à présumer que la lienterie par irritation est moins dangereuse que l’autre qui marque un affaissement absolu, un anéantissement extrème de l’estomac.

Curation. Chaque espece de lienterie demande des remedes particuliers ; il est des cas où il ne faut qu’animer, fortifier l’estomac & en reveiller le ton engourdi ; les stomachiques astringens, absorbans, sont les remedes indiqués pour remplir ces vûes. Waldschimidius remarque que dans ce cas-là les stomachiques les plus simples, les plus faciles à préparer, sont les plus appropriés & réussissent le mieux. Les plus efficaces sont, suivant cet auteur, la muscade, le gingembre en conserve, le vin d’absynthe préparé avec le mastich & les sudorifiques, l’exercice, l’équitation, & comme dit un auteur moderne, le mariage, produisent dans ces cas-là de grands effets. Si les forces de l’estomac n’étoient qu’oppressées & non pas épuisées, l’émétique pourroit convenir ; son administration pourroit avoir des suites fâcheuses, il est plus prudent de s’en abstenir. Hippocrate nous avertit d’éviter dans les lienteries les purgations par le haut, sur-tout pendant l’hiver, Aphor. 12. lib. II. Puisque les rots sont avantageux dans cette maladie, il seroit peut-être utile de les exciter par les remedes appropriés, comme l’ail, la rhue, que Martial appelle ructatricem. Ces remedes seroient plus goûtés en Espagne, où c’est une coutume & non pas une indécence de chasser les vents incommodes par les voies les plus obvies.

Si la lienterie dépend d’une irritation dans le conduit intestinal, il faut emporter la cause irritante, si on la connoît, sinon tâcher d’en émousser l’activité par les laitages affadissans les plus convenables, pris surtout en lavement ; on ne doit pas négliger les stomachiques : l’émétique seroit encore ici plus pernicieux. Si l’on a quelques marques d’ulceres dans les intestins, il faut avoir recours aux différens baumes de copahu, de la Mecque, du Canada, &c. les lavemens térébenthinés peuvent être employés avec succès. (m)

LIENTZ ou LUENTZ, (Géog.) en latin Loncium, petite ville du Tirol sur la Drave, à 4 milles germaniques d’lunichen. Longit. 29. 10. latit. 47. 15. (D. J.)

LIER, v. act. (Gramm.) il désigne l’action d’attacher ensemble des choses auparavant libres & séparées. Il se prend au moral & au physique : l’homme est lié par sa promesse : les pierres sont liées par les barres de fer qui vont de l’une à l’autre.

Lier, en terme de cuisine, est l’action d’épaissir les sauces avec farine, chapelure de pain, & autres ingrédiens propres à cet usage.

Lier, (Venerie.) se dit du faucon qui enleve la proie en l’air en la tenant fortement dans ses serres, ou, lorsque l’ayant assommée, il la lie & la tient serrée à terre.

On dit aussi que deux oiseaux se lient lorsqu’ils se font compagnie & s’unissent pour poursuivre le héron & le serrer de si près, qu’ils semblent le lier & le tenir dans leurs serres. A l’égard de l’autour, on dit empiéter.

LIERNE, s. f. (Hydr.) piece de bois qui sert à tirer les fils de pieux d’une palée ; elle est boulonnée & n’a point d’entailles comme la morze pour accoler les pieux. On lierne souvent les pieux d’un batardeau. (K)

Lierne, (Coupe des pierres.) C’est une des nervures des voûtes gothiques qui lie le nerf appellé tierceron avec celui de la diagonale, qu’on appelle ogive.

Liernes, (Charpenterie.) servent à porter les planchers en galetas, & s’assemblent sous le faît d’un poinçon à l’autre. Voyez nos Pl. de Charpente & leur explic.

Liernes, terme de riviere, planches d’un bateau foncet, qui sont entretaillées dans les clans & dans les bras des lieures.

LIERRE, hedera, s. m. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en rose composée de plusieurs pétales disposés en rond ; il sort du milieu de la fleur un pistil qui devient dans la suite une baie presque ronde & remplie de semences arrondies sur le dos, & plates sur les autres côtés. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Lierre, hedera, arbrisseau grimpant, toujours verd, qui est très-connu, & que l’on trouve partout, dans les pays tempérés, & même assez avant sous la zone glaciale ; il se plaît sur-tout dans les forêts, & dans les lieux négligés ou abandonnés. Tantôt on le voit ramper & se confondre avec les herbes les plus communes & les plus inutiles ; tantôt on l’apperçoit au-dessus des plus hautes murailles, & jusqu’à la cime des plus grands arbres. Un seul plan de lierre, à force de tems, s’empare d’un vieux château ; il en couvre les murs, domine sur les toits ; l’espace ne lui suffit pas ; il surabonde, & présente l’aspect d’une forêt qui va s’élever. Par-tout où se trouve cet arbrisseau, il annonce l’insuffisance du propriétaire, ou son manquement de soin. On peut donc regarder le lierre comme le symbole d’une négligence invétérée. C’est un objet importun, nuisible, & si tenace, qu’il est souvent très-difficile de s’en débarrasser. Cependant il peut avoir malgré cela de l’utilité, de l’agrément & de la singularité.

Le tronc du lierre grossit avec l’âge, & il s’en trouve quelquefois qui ont un pié & demi de tour : cet arbrisseau s’attache fortement à tous les objets qu’il peut atteindre, & qui peuvent le soutenir & l’élever au moyen de quantité de fibres ou griffes dont ses branches sont garnies ; elles s’appliquent sur le mortier des murailles, & sur l’écorce des arbres, avec une ténacité à l’épreuve de la force des vents & des autres injures du tems. Ces griffes ont tant d’activité, qu’elles corrompent & brisent le mortier des murailles, & quelquefois les font écrouler, sur-tout lorsque l’arbrisseau vient à périr. On observe que ces griffes qui semblent être des racines, n’en font pas les fonctions ; car quand on coupe un lierre au-dessus des racines qui sont en terre, le tronc & toutes les branches se dessechent & périssent ; & si quelque partie continue de végéter, ce sera parce que quelques branches se seront insinuées dans le mur, & y auront pris racine ; c’est dans ce cas qu’il est très-difficile de les faire périr. La même force des griffes en question agit sur les plus gros arbres ; dès que le lierre s’en est emparé, il enveloppe le tronc, se répand sur toutes les branches, pompe la seve, couvre les feuilles, & fait tant d’obstacles à la végétation, que l’arbre périt à la fin. On peut remarquer sur le lierre des feuilles de trois différentes formes, selon la différence de son âge. Pendant qu’il rampe à terre dans sa premiere jeunesse, elles sont de la figure d’un fer de lance allongé sans échancrure ; quand il s’est attaché aux murs ou aux arbres, ses feuilles sont échancrées en trois parties ; elles sont d’un verd plus brun que les premieres, & elles sont mouchetées de taches blanchâtres ; mais lorsque l’arbrisseau domine sur les objets auxquels il s’est attaché, ses feuilles sont presqu’ovales, & d’un verd jaunâtre. Au surplus, sa feuille à tout âge, est toujours ferme, épaisse, luisante en-dessus, & à l’épreuve de toutes les intempéries. Le lierre ne donne ses fleurs qu’au mois de Septembre ; elles viennent en bouquet, sont petites, de couleur d’herbe, sans nul agrément, ni