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Outre la grosseur qui les distingue des veaux marins, ils en different encore en plusieurs choses, surtout les mâles, qui ont une espece de trompe de la longueur de cinq ou six pouces, & qui pend du bout de la mâchoire supérieure ; cette partie ne se trouve pas dans les femelles, & elles sont d’ailleurs beaucoup plus petites que les mâles.

Ces animaux passent ensemble l’été dans la mer, & l’hiver sur terre ; c’est alors qu’ils travaillent à leur accouplement, & que les femelles mettent bas avant que de retourner à la mer. Leur portée est de deux petits à la fois ; ces petits tetent, & ont en naissant la grandeur d’un veau marin parvenu à son dernier période de croissance.

Pendant que les lions marins sont sur terre, ils vivent de l’herbe qui abonde aux bords des eaux courantes ; & le tems qu’ils ne paissent pas, ils l’emploient à dormir dans la fange. Ils mettent de leurs camarades autour de l’endroit où ils dorment ; & dès qu’on approche seulement de la horde, ces sentinelles ne manquent pas de leur donner l’allarme par des cris fort différens, selon le besoin ; tantôt ils grognent sourdement comme des cochons, & tantôt ils hennissent comme les chevaux les plus vigoureux.

Quand ils sont en chaleur, ils se battent quelquefois pour la possession des femelles jusqu’à l’entier épuisement de leurs forces. On peut juger de l’acharnement de leurs combats par les cicatrices dont le corps de quelques-uns de ces animaux est tout couvert.

Leur chair n’est pas moins bonne à manger que celle du bœuf, & leur langue est bien plus délicate. Il est facile de les tuer, parce qu’ils marchent aussi lourdement que lentement, à cause de l’excès de leur graisse. Cependant il faut se garder de la fureur des meres : un des matelots du lord Anson fut la triste victime de son manque de précaution ; il venoit de tuer un lionceau marin pour l’équipage, & l’écorchoit tout de suite, lorsque la mere se rua sur lui, le renversa par terre, & lui fit une morsure à la tête, dont il mourut peu de jours après. (D. J.)

Lion, (Astron.) est le cinquieme des douze signes du zodiaque. Voyez Etoile, Ligne & Constellation.

Les étoiles de la constellation du lion sont dans le catalogue de Ptolomée au nombre de 32, & dans celui de Tycho au nombre de 37. Le catalogue anglois en compte 94.

Lion, (Marine.) c’étoit autrefois l’ornement le plus commun qu’on mettoit à la pointe de l’éperon ; les Hollandois le mettent encore ordinairement, d’autant qu’il y a un lion dans les armes de l’état. Les autres nations y mettent présentement des sirenes ou autres figures humaines : le terme général étoit anciennement bestion.

La grandeur de ces figures de l’éperon est assez arbitraire ; cependant les Hollandois suivent cette proportion : savoir, pour un vaisseau de 134 piés de long, de l’étrave à l’étambord, ils donnent au lion 9 piés de long, 19 pouces d’épaisseur, hormis par derriere où il n’a qu’un pié. La tête fait saillie de 14 pouces en avant de la pointe de l’éperon, & s’éleve de 2 piés 7 pouces au-dessus du bout de l’aiguille. (Z)

Lion, (Blason.) le lion a différentes épithetes dans le Blason. Il est ordinairement appellé rampant & ravissant ; & quand sa langue, ses ongles, & une couronne qu’on lui met sur la tête, ne sont pas du même émail que le reste de son corps, on dit qu’il est armé, couronné & lampassé. On dit aussi lion issant & lion naissant. Le premier est celui qui ne montre que la tête, le cou, les bouts des jambes, & les extrémités de la queue contre l’écu ; & l’autre est celui qui ne faisant voir que le train de devant, la tête & les deux piés, semble sortir du champ en-

tre la face & le chef. On appelle lion brochant sur le tout, celui qui étant posé sur le champ de l’écu,

chargé déja d’un autre blason, en couvre une partie. Le lion mort né, est un lion sans dents & sans langue ; & le lion diffamé, celui qui n’a point de queue. Lion dragonné, se dit d’un animal qui a le derriere du serpent, & le devant du lion ; & lion léopardé, d’un lion passant, qui montre toute la tête comme fait le léopard.

Lion d’or, (Monnoies.) ancienne monnoie de France. Les premiers lions d’or furent fabriqués sous Philippe de Valois en 1338, & succéderent aux écus d’or. Ils furent ainsi nommés à cause du lion qui est sous les piés du Roi de France. Si le roi d’Angleterre est désigné par ce lion, on n’a jamais fait de monnoie plus insultante, & par conséquent plus odieuse. Ces lions d’or de Philippe de Valois valoient cinquante sols en 1488.

On fabriqua de nouveaux lions d’or sous François I. Cette derniere monnoie d’or avoit pour légende, sit nomen Domini benedictum, & pour figure, un lion. Elle pesoit trois deniers cinq grains, & valoit cinquante-trois sols neuf deniers. (D. J.)

LIONCEAUX, (Blason.) terme dont on se sert au lieu de lion, lorsque l’écu en porte plus de deux, & qu’on n’emploie guere sans cela.

LIONNÉ, adj. en terme de Blason, se dit des léopards rampans. Léopard de Bresse, d’or, au léopard lionné de gueules.

LIONS, (Géogr.) en latin moderne, Leonium, petite ville de France dans la haute Normandie, entre le Vexin normand & le pays de Bray, dans une forêt dite la forêt de Lions, sur le penchant d’un coteau, à quatre lieues de Gournay, & six à sept de Rouen. Long. 19. 10. lat. 46. 25.

Benserade (Isaac de), nâquit à Lions en 1612. Sa famille & son véritable nom ne paroissent pas trop connus. Il vint jeune à la cour, & s’y donna pour parent du cardinal de Richelieu, ce qui pouvoit bien être. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’il en eut une pension, & qu’il trouva le secret d’en augmenter la somme sous le cardinal Mazarin, jusqu’à douze mille livres de ce tems-là, ce qui seroit vingt-quatre mille livres du nôtre. Il dut principalement sa réputation aux vers qu’il composa pour les ballets du Roi, & fut reçû de l’académie françoise en 1674 ; mais ses métamorphoses d’Ovide en rondeaux furent l’écueil de sa gloire. Comme on lui donnoit beaucoup d’esprit, on a beaucoup vanté ses bons mots ; cependant si nous en jugeons par quelques-uns de ceux qu’on nous a conservés, nous avons lieu de penser que Benserade n’étoit pas meilleur plaisant que bon poëte. Il mourut presque octogénaire en 1690, d’une saignée qu’on lui fit pour le préparer à l’opération de la taille. Le chirurgien lui piqua l’artere ; dirai-je dans cette conjoncture, heureusement ou malheureusement ? (D. J.)

LIOUBE, s. f. (Marine.) c’est une entaille que l’on fait pour enter un bout de mât sur la partie qui est restée debout, lorsque le mât a été rompu par un gros tems.

LIPARA, (Géogr. anc.) la plus grande des îles appellées Lipara, Lipareorum, ou Liparensium insulæ, autrement dites les îles Eolies, ou Vulcaniennes. On les nomma Λιπαραὶ, Liparæ, du roi Liparus, à qui Eole succéda. La ville capitale prit aussi le surnom de l’isle. Les Siciliens les appellent l’une & l’autre Lipari. Voyez Lipari.

LIPARE, pierre de, (Hist. nat.) pierre fort estimée des anciens, & à laquelle, suivant leur coûtume, ils attribuoient beaucoup de vertus ridicules. On la tiroit de Lipara, l’une des îles Eoliennes. On dit qu’elle étoit de la grosseur d’une noisette, d’une couleur grise, & très-facile à écraser entre les doigts.