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Liteau, terme de Tisserand, se dit des raies bleues qui traversent les toiles d’une lisiere à une autre. Il n’y a que les pieces de toiles destinées à faire des serviettes & des nappes qui aient des liteaux ; & ces liteaux sont placés de distance en distance, de maniere que les nappes & les serviettes doivent en avoir un à chaque bout quand elles sont coupées.

Liteau, terme de chasse : on appelle liteau le lieu où se couche & se repose le loup pendant le jour.

LITEMANGHITS, s. m. (Commerce) c’est la gomme que les droguistes appellent alouchi ; on dit qu’elle coule du tronc du canelier.

LITER, v. act. (Drap.) c’est coudre ou attacher avec du gros fil ou de la menue ficelle, des petites cordes de la grosseur du bout du doigt, le long de la piece entre l’étoffe & la lisiere, afin que la partie qui en a été couverte ne puisse prendre teinture, & qu’elle garde son fond ou pié. On reconnoît à cela la bonne teinture. Il est défendu aux teinturiers de teindre en écarlate, violette, verd-brun, verd-gris, si les draps ne sont lités. Voyez les réglem. de manuf.

Liter, terme de pêche, c’est mettre le poisson par lit dans les tonnes.

LITÉS, (Mythol.) λιταί ; c’étoient, selon Homere, les Prieres, filles de Jupiter, & rien n’est plus ingénieux que l’allégorie sous laquelle il les dépeint. Ces déesses, dit-il, sont âgées, boiteuses, tiennent toujours les yeux baissés, & paroissent toujours rempantes & toujours humiliées ; elles marchent après l’Injure ; car l’Injure altiere, pleine de confiance en ses propres forces, les devance d’un pié léger, parcourt la terre, & la ravage insolemment. Les humbles Prieres la suivent pour guérir les maux qu’elle a causés. Celui qui les respecte & qui les chérit, en reçoit les plus grands bienfaits ; elles l’écoutent à leur tour dans ses besoins, & portent, avec efficace, ses vœux & ses supplications aux piés du trône de Jupiter.

On sait que du mot grec λιτή, lité, est venu dans l’église le terme de litanies, & celui de litare, faire un sacrifice agréable à la divinité. (D. J)

LITHARGE, s. f. (Pharmac. & Mat. méd.) : on emploie indifféremment en Pharmacie celle qui est appellée litharge d’or, & celle qui est appellée litharge d’argent.

Cette matiere se purifie & se divise pour les usages pharmaceutiques en la reparant ou la pulvérisant à l’eau. Voyez Préparation Pharmac. & Pulvérisation, Chimie & Pharmac.

La litharge est de toutes les préparations de plomb la plus employée en Médecine pour l’usage extérieur : elle est sur-tout un ingrédient très-ordinaire des emplâtres. Elle fait la base ou constitue le corps d’un grand nombre. Voyez Emplatre.

Elle entre aussi dans la composition de plusieurs onguens ; le plus simple, le mieux entendu, celui ou la litharge est véritablement dominante, & jouissant de ses propriétés ; celui en même tems qui est le plus usité, c’est le nutritum vulgaire. Voyez Nutritum.

Elle entre encore dans l’onguent dessicatif rouge, dans l’égyptiac, dans l’onguent de la mere, l’onguent des apôtres, &c. dans un grand nombre d’emplâtres, dans la pierre médicamenteuse, &c.

La litharge, est ainsi que les autres préparations de plomb, dessicative, répercussive & réfrigérante. Voyez Plomb.

On peut employer la litharge, & on l’emploie même fort communément à préparer le vinaigre & le sel de saturne, dont nous parlerons au mot Plomb. (b)

LITHIASE, s. f. λιθίασις, litiasis, est un des noms de la maladie appellée plus communément la pierre ou le calcul. Voyez Pierre & Calcul.

LITHIASIE ou LITHIASIS, est aussi une maladie des paupieres qui consiste dans des petites tumeurs dures & pétrifiées, engendrées sur leur bord. On les nomme autrement gravelles ; elles sont causées par une lymphe épaissie, endurcie & convertie en petites pierres ou sables dans quelques grains glanduleux ou plutôt dans quelques vaisseaux lymphatiques ; ce qui les rend enkistées. On fait facilement l’extraction de ces pierres avec une petite incision sur le kiste, jusqu’au corps étranger qu’on fait ensuite sauter avec une petite curette. La bonne Chirurgie prescrit que l’incision soit faite à la paupiere inférieure suivant sa longueur, c’est-à-dire d’un angle à l’autre pour suivre la direction des fibres du muscle orbiculaire. Au contraire les incisions intérieures qui se pratiquent à la paupiere supérieure, doivent se faire de haut en bas, de crainte de couper transversalement les fibres de l’aponevrose du muscle releveur de cette paupiere.

Lorsqu’on a quelques incisions à faire à l’intérieur des paupieres, il faut les renverser. Voyez Speculum Oculi. (Y)

LITHOBIBLIA, (Hist. nat.) nom donné par quelques auteurs aux pierres sur lesquelles on trouve des empreintes de feuilles ; ces sortes de pierres sont très-communes, sur-tout dans le voisinage des mines de charbon de terre. Voyez Pierres empreintes. On les nomme aussi lithophylla. Quelques-uns entendent par-là non-seulement les empreintes des feuilles, mais les feuilles elles-mêmes pétrifiées ; elles sont très-rares, si même il en existe : cependant Wallerius parle de feuilles de roseau pétrifiées.

LITHOBOLIES, s. f. (Littér.) fêtes qui se célébroient à Epidaure, à Egine & à Troëzène, en mémoire de Lamie & d’Auxésie ; deux jeunes filles de l’île de Crête, que quelques habitans de Troëzène lapiderent dans une sédition. On ordonna, dit Pausanias, que pour appaiser leurs manes, on célébreroit tous les ans dans Troëzène une fête en leur honneur, & cette fête fut appellée lithobolies, λιθοϐολία ; ce mot vient de λίθος, pierre, & βάλλω, je jette. (D. J.)

LITHOCOLLE, s. f. (Gramm. & Architect.) espece de ciment dont on se sert pour attacher les pierres précieuses au manche, lorsqu’on se propose de les tailler sur la meule. Il se fait de vieille brique & de poix-résine ; pour le diamant, on use de plomb fondu, on l’y enchâsse avant que ce métal ne soit tout-à-fait refroidi. Au lieu de vieilles briques & de poix-résine, on emploie la poudre de marbre & la colle-forte, si l’on se propose d’avoir un mortier. Si l’on a une pierre éclatée à réunir, on ajoute au mortier précédent du blanc d’œuf & de la poix.

LITHOGRAPHIE. s. f. (Gram. Hist. nat.) C’est la description des pierres.

LITHOLOGIE, s. f. (Hist. nat. Miner.) On nomme ainsi la partie de l’Histoire naturelle du regne mineral qui a pour objet l’examen des différentes especes de pierres, de leurs propriétés, & des caracteres qui les distinguent. Voyez Pierres.

LITHOMANCIE, s. f. (Divinat.) divination par les pierres, comme le porte ce nom tiré du grec, & composé de λίθος, pierre, & de μαντεία, divination.

On n’a que quelques conjectures incertaines sur cette espece de divination. Dans le poëme des pierres attribué à Orphée, il est fait mention d’une qu’Apollon donna à Helenus le troyen. Cette pierre, dit le poëte, s’appelle siderités, & a le don de la parole ; elle est un peu raboteuse, dure, pesante, noire, & a des rides qui s’étendent circulairement sur sa surface. Quand Helenus vouloit employer la vertu de cette pierre, il s’abstenoit pendant 21 jours du lit conjugal, des bains publics, & de la viande des animaux ; ensuite il faisoit plusieurs sacrifices, il