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que. Voyez les Mémoires de l’académie de Suede, année 1753.

Loup, (Pelleterie.) la peau du loup, garnie de son poil, après avoir été préparée par le pelletier ou le mégissier, sert à faire des manchons & des housses de chevaux.

Loup marin, lupus, (Hist. nat.) poisson de mer ainsi nommé à cause de sa voracité ; on lui donne aussi le nom de lubin ou lupin qui vient de lupus : les petits sont appellés lupassons en Languedoc. Ce poisson est grand, épais, couvert d’écailles ; il a la tête longue, la bouche & les yeux grands, deux nageoires près des ouies, deux au-dessous, des aiguillons pointus & inégaux sur le dos ; ces aiguillons sont soutenus par une membrane mince : la nageoire de la queue n’a qu’un aiguillon, mais il y en a trois dans la nageoire qui est au-delà de l’anus. Lorsque ce poisson reste dans la mer, il a le dos mêlé de blanc & de bleu ; celui qui est à l’embouchure des rivieres est presque tout blanc, il vit de poissons & d’algue. Rond. hist. des poissons, liv. IX.

Loup, (Astronomie.) constellation méridionale qui comprend dix-neuf étoiles. Voyez Etoile & Constellation.

Loup, (Chimie.) c’est un des noms que les Chimistes ont donné à l’antimoine, parce qu’il dévore dans la fonte tous les métaux, excepté l’or & l’argent ; qu’il divise ou qu’il dissout non seulement ces substances, mais même tout limon, sable ou pierre avec lesquels on le fait fondre. (b)

Loup, en Chirurgie, ulcere virulent & chancreux qui vient aux jambes ; ainsi appellé, de ce qu’il ronge & consume les chairs voisines comme un loup affamé. Voyez Ulcere.

Loup-garou, (Hist. des superstitions) c’est dans l’opinion du menu peuple & des laboureurs un esprit malin, très-dangereux, travesti en loup, qui court les champs & les rues pendant la nuit.

L’idée superstitieuse que les hommes pouvoient être changés en loups, & reprendre ensuite leur forme, est des plus anciennes : hominem in lupos verti, rursùmque restitui sibi, falsum existimare debemus, dit Pline, lib. VIII. Cependant cette idée extravagante a subsisté long-tems ; la Religion & la Philosophie ne l’avoient point encore détruite en France sur la fin du seizieme siecle. La Rocheflavin, liv. II. tit. xij. art. 9. rapporte un arrêt du parlement de Dôle, du 18 Janvier 1574, qui condamne au feu Gilles Garnier, lequel ayant renoncé à Dieu, & s’étant obligé par serment de ne plus servir que le diable, avoit été changé en loup-garou. Bodin & Daniel Auge, Augentius, ont cité l’arrêt entier.

Il faut quelquefois rappeller ces sortes de traits aux hommes pour leur faire sentir les avantages des siecles éclairés. Nous devrions à jamais les bénir ces siecles éclairés, quand ils ne nous procureroient d’autres biens que de nous guérir de l’existence des loups-garou, des esprits, des lamies, des larves, des liliths, des lémures, des spectres, des génies, des démons, des fées, des revenans, des lutins, & autres phantômes nocturnes si propres à troubler notre ame, à l’inquiéter, à l’accabler de craintes & de frayeurs. Voyez Lutin. (D. J.)

Loup, le, (Art milit.) machine de guerre des anciens. Voyez Corteau.

Loup, terme de Pêche, sorte de filet que l’on peut rapporter à l’espece des ravoirs simples. Elle est en usage sur la côte de l’amirauté de Nantes. Cette pêche se fait à demi-lieue ou environ de terre. Pour cet effet, il faut trois grandes perches dont voici la destination. Celle de terre, qu’ils nomment perche amortie ou sédentaire, a environ vingt-deux piés de long ; elle reste toujours, & on ne la releve point comme les deux autres. La deuxieme se nomme la perche de

rade qu’on plante, & qu’on releve tous les jussans. La forme du sac du ret ou filet est en losange à bout coupé ; il n’a aux deux bouts que trois brasses de haut, dans le milieu ou le fond, huit brasses, & sa longueur d’un bout à l’autre est de douze à treize brasses. La troisieme perche est celle du milieu.

Ce filet, dans son opération, est ajusté de maniere que ce tiers environ releve ou est retroussé comme aux filets que l’on nomme ravoirs.

Il ne faut qu’un bateau pour faire la perche du loup, & souvent il n’y a qu’un homme & des femmes ou filles, trois à quatre personnes au plus.

Quand les pêcheurs veulent tendre leur loup, ils amarent à la perche de terre ou amortie une haussiere de trente à quarante brasses de long ; on file le lin ; & à treize à quatorze brasses de la perche amortie, on jette le grapin frappé sur un petit cablot dont on file environ dix brasses : on fixe ensuite la perche de rade, en la faisant couler à pic sur un fond de vase où elle enfonce aisément par son propre poids, & on y amare le cablot du grapin qui de cette maniere lui sert d’étai, & la rend plus ferme & plus stable sur le fond.

Avant de piquer la perche de rade, on passe le bas & le haut des haussieres, bras ou hales du filet qui ont huit brasses de long ; celle du bas reste frappée à cinq piés au-dessus du fond, & celle du haut à cinq à six piés au-dessous du bout de la perche : on amare ensuite le haut & le bas des bras de la perche de terre qui est la perche amortie.

L’ouverture du ret est établie de maniere que la marée s’y entonne. Lorsque le filet est tendu, on met au milieu la troisieme perche qui peut avoir environ douze à treize piés de haut ; le bas passe environ un pié la partie du ret du loup qui est sur le fond, & cette perche se pique d’elle-même sur les vases durant que la pêche se fait. Les pêcheurs, dans leur bateau, se tiennent sur leur filet au-dessus de la perche du milieu.

Le ret de cette maniere est un filet non flotté, n’ayant ni plomb par bas, ni flottes par la tête ou le haut, de même que les ravoirs auxquels on le pourroit plûtôt comparer qu’à toute autre espece de ret ; il se tend à une heure de jussant ou de reflux, c’est-à-dire une heure environ après que la marée a commencé de perdre.

L’ouverture, comme nous avons dit, est de bout à la marée, & il est établi de maniere qu’aux deux tiers du jussant il en paroit alors trois piés de hors l’eau. On le releve une heure avant la basse eau.

Pour prendre le poisson du filet, on démonte la perche de rade, on dépique celle du milieu, & on dégage les deux bras de celle de terre ou sédentaire.

Cette pêche se fait avec succès depuis la saint Michel jusqu’à Noël ; il faut un tems calme & le gros de l’eau ; elle se fait également de jour & de nuit. On y prend de toutes sortes d’especes de poissons plats & des ronds, suivant les saisons & les marées.

Les mailles des rets des loups de Bourg-neuf, où nous n’avons trouvé que deux de ces filets, sont du grand échantillon, ayant seize à dix-sept lignes en quarré ; ces filets sont au surplus mal lacés & mal travaillés.

Cette pêche, comme on le peut remarquer par sa manœuvré, ne peut être que très-utile, sans pouvoir apporter aucun dommage sur les fonds où l’on la peut pratiquer, ne traînant point & ne pouvant jamais arrêter de frai ni de poisson du premier âge, parce que les mailles qui en sont larges, restent aussi toujours ouvertes & étendues de toute leur grandeur. Voyez nos Pl. de Pêche.

Il y a aussi une autre sorte de filets qu’on appelle loup, & dont on se sert dans la riviere de Loire ; ce sont les mêmes que l’on appelle verveux dans le ca-