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par sa naissance en 1651. Il a découvert, non sans quelques erreurs, les fameuses caustiques qui ont retenu son nom ; c’est-à-dire qu’il a trouvé que la courbe formée dans un quart de cercle par des rayons réfléchis, qui étoient venus d’abord paralleles à un diametre, étoit égale aux du diametre.

Les grandes verreries qu’il établit en Saxe, lui procurerent un magnifique minoir ardent, portant trois piés rhinlandiques de diametre convexe des deux côtés, & pesant 160 livres. Il le présenta à M. le régent, duc d’Orléans, comme une chose digne de sa curiosité.

Non-seulement M. de Tschirnaus trouva l’art de tailler les plus grands verres, mais aussi celui de faire de la porcelaine, semblable à celle de la Chine, invention dont la Saxe lui est redevable, & qu’elle a portée depuis, par les talens du comte de Hoym, à la plus haute perfection.

Je ne sache qu’un seul ouvrage de M. de Tschirnaus, & l’exécution ne répond pas à ce que la beauté du titre annonce, Medicina mentis & corporis, Amst. 1687, in-4°. Les vrais principes de la medecine du corps n’ont pas été développés par notre habile lusacien ; & il n’a guere bien sondé la medecine de l’esprit, en l’étayant sur la Logique. Pétrone a mieux connu la Medecine quand il l’a définie, consolatio animi : celui qui pratique cet art, n’a souvent que ce seul avantage. Il ne peut produire dans plusieurs cas que la consolation de l’esprit du malade, par la confiance qu’il lui porte.

M. Tschirnaus est mort en 1708, & M. de Fontenelle a fait son éloge dans l’hist. de l’acad. des Sciences, ann. 1709. (D. J.)

LUSERNE, s. f. medica, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur légumineuse ; il sort du calice un pistil, qui devient ensuite un fruit en forme de vis ; il renferme des semences qui ressemblent à un rein. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

LUSIGNAN, Luziniacum, (Géogr.) petite ville de France en Poitou, sur la Vienne, à 5 lieues S. O. de Poitiers, 23 N. E. de la Rochelle, 80 S. O. de Paris. Long. 17. 42. latit. 16. 28.

Tout auprès de cette petite ville étoit le cnâteau de Lusignan, ou plutôt de Lezignen, en latin Leziniacum Caslrum, connu dès le xj. siecle, ayant dès-lors ses seigneurs particuliers, qui devinrent dans la suite comtes de la Marche & d’Angoulême. Jean d’Arras dans son roman, & Bouchet dans ses annales, nous assurent que c’étoit l’ouvrage de la fée Mellusine ; & bien que tout cela soit fables, dit Brantome, si on ne peut mal parler d’elle. Ce château bâti réellement par Hugues II. seigneur de Lusignan, fut pris sur les Calvinistes en 1575, après quatre mois de siege, par le duc de Montpensier ; & ce prince obtint d’Henri III. de le raser de fond en comble.

Ainsi fut détruit, continue Brantome, « ce château si ancien & si admirable, qu’on pouvoit dire que c’étoit la plus belle marque de forteresse antique, & la plus noble décoration vieille de toute la France ». (D. J.)

LUSIN, s. m. (Marine.) c’est un même cordage un peu plus gros que celui que l’on appelle merlin. On s’en sert à faire des enfléchures : on le fait de trois fils.

LUSITANIE, la, Lusitania, (Géog.) c’étoit une des trois provinces qui composoient l’Espagne, mais ses limites ne furent pas toujours les mêmes, & d’ailleurs on a souvent confondu la province très-étendue de la Lusitanie, avec celle qu’habitoient les Lusitaniens proprement dits. Quoi qu’il en soit, ce pays produisoit non seulement toutes les denrées nécessaires à la vie, mais de plus il abondoit en mines d’or.

La province de Lusitanie jointe à celle de Galice

& des Asturies, payoit aux Romains vingt mille livres d’or tous les ans. On trouve encore des pailletes d’or dans le Tage. Polybe remarque qu’un veau, qu’un cochon du poids de cent livres, ne valoit en Lusitanie que cinq drachmes ; qu’on vendoit cent brebis pour deux drachmes, un bœuf pour dix, & que les animaux tués dans les forêts se donnoient pour rien.

Comme une partie de l’ancienne Lusitanie répond au Portugal, on nomme présentement en latin ce royaume Lusitania ; mais il faut se rappeller que c’est très-improprement, parce que leurs bornes sont fort différentes. (D. J.)

LUSITANIENS, Lusitani, (Géog. anc.) anciens peuples de l’Espagne dans la Lusitanie ; ils tiroient peut-être leur nom de Lusus, préfet de Bacchus ; voici du moins quel étoit le génie de ces premiers peuples, au rapport de Strabon, liv. III. Ils aimoient mieux subsister de brigandages, que de labourer la terre fertile de leur pays ; ils vivoient d’ailleurs très-simplement & très-sobrement, n’usoient que d’un seul mets à leur repas, se baignoient dans l’eau froide, se chaussoient avec des cailloux rougis au feu, & ne s’habilloient que de noir. Ils commerçoient en échange, ou se servoient quelquefois de lames d’argent pour leurs achats, dont ils coupoient des morceaux. Ils exposoient leurs malades sur les chemins publics, afin que les passans qui sauroient des remedes à leur état, pussent les leur indiquer. Du reste, les Lusitaniens étoient pleins de valeur, & les Romains les soumirent moins par la force, que par la ruse & l’artifice.

LUSO, (Géog.) petite riviere d’Italie, dans la Romagne ; elle a sa source vers le mont Feltre, près du duché d’Urbin, & se jette dans le golfe de Venise, entre Rimin & Cervia. Le Luso est l’ancien Rubicon, dont les auteurs ont tant parlé, & sur lequel Villani a fait une dissertation fort curieuse. Voyez Rubicon.

LUSORIA, (Antiq. rom.) endroits particuliers que les empereurs faisoient construire dans l’enceinte de leurs palais, ou tout auprès, pour se donner le divertissement des jeux, des combats de gladiateurs ou de bêtes féroces, hors de la foule, &, pour ainsi dire, dans leurs domestiques.

Lambride, dans la vie d’Eliogabale, fait mention des Lusoria que les empereurs avoient à Rome. Domitien en avoit un à Albe, dont il est parlé dans Juvenal, sat. IV. vers. 99. & dans son ancien scholiaste. Lactance parle de celui de Valere Maximien, dans lequel il se plaisoit à faire déchirer des hommes par des ours furieux. A Constantinople, il y avoit deux de ces lusoria, l’un dans la quatorzieme région, & l’autre dans la premiere auprès du grand palais.

Ces lusoria étoient des diminutifs de vrais amphithéâtres. Ils étoient beaucoup plus petits & beaucoup moins couteux, mais destinés aux mêmes usages. Peut-être ont-ils servi de modeles aux petites arenes, dont la mémoire s’est conservée en un si grand nombre de villes. (D. J.)

LUSTRAGE, s. m. (Manuf. en soie.) machine composée d’un chassis fort, à la traverse duquel & d’un côté sont deux crochets fixes ; d’une écroue de deux pouces de diametre attachée à une grande roue, dans laquelle entre une vis de pareille grosseur, dont la tête traverse une coulisse mouvante, à laquelle sont fixés deux autres crochets vis-à-vis des deux autres, & de deux boulons de fer polis & tournés qu’on place dans les deux crochets de chaque côté. Cet assemblage sert à lustrer la soie, & sur-tout la grosse. Pour cet effet, on prend une quantité d’echevaux de soie teinte, qu’on met autour des boulons entre les deux crochets ; on a l’attention de les bien