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égaliser. Puis on tourne la roue qui, au moyen de l’écroue, tirant la coulisse & la vis, donne une si forte extension à la soie, qu’elle en augmente de brillant. On laisse la soie tendue pendant un certain tems, après quoi on la leve pour en mettre d’autre.

LUSTRAL, Jour, (Antiq. grec. & rom.) en grec ἀμφιδρομία, en latin lustricus dies ; voilà comme on appelloit chez les Grecs & les Romains le jour dans lequel les enfans nouveau-nés recevoient leur nom & la cérémonie de leur lustration. La plupart des auteurs assurent que c’étoit pour les mâles le neuvieme jour après leur naissance, & le huitieme pour les femelles. D’autres prétendent que c’étoit le cinquieme jour après la naissance, sans aucune distinction pour le sexe ; & d’autres établissent que le jour lustral étoit le dernier jour de la semaine où l’enfant étoit né.

Quoi qu’il en soit, cette cérémonie se pratiquoit ainsi. Les accoucheuses, après s’être purifiées elles-mêmes, en lavant leurs mains, faisoient trois fois le tour du foyer avec l’enfant dans leurs bras ; ce qui désignoit d’un côté son entrée dans la famille & de l’autre, qu’on le mettoit sous la protection des dieux de la maison à laquelle le foyer servoit d’autel ; ensuite on jettoit par aspersion quelques gouttes d’eau sur l’enfant.

On célébroit ce même jour un festin, avec de grands témoignages de joie, & on recevoit des présens de ses amis à cette occasion. Si l’enfant étoit un mâle, la porte du logis étoit couronnée d’une guirlande d’olive ; si c’étoit une femelle, la porte étoit ornée d’écheveaux de laine, symbole de l’ouvrage auquel le beau sexe devoit s’occuper. Voyez Potter, Archæol. græc. lib. IV. cap. xiv. tit. I. & Lomeier, de lustrationibus veterum gentilium. (D. J.)

LUSTRALE, eau (Littér.) eau sacrée qu’on mettoit dans un vase à la porte des temples. Voyez Eau lustrale. J’ajoute seulement que c’étoit parmi les Grecs une sorte d’excommunication, que d’être privé de cette eau lustrale. C’est pourquoi dans Sophocle, act. II. sect. j. Œdipe défend expressément de faire aucune part de cette eau sacrée au meurtrier de Laïus. (D. J.)

LUSTRATION, s. f. (Antiq. grec. & rom.) en latin lustratio, cérémonies sacrées accompagnées de sacrifices ; par lesquelles cérémonies les anciens payens purifioient les villes, les champs, les troupeaux, les maisons, les armées, les enfans, les personnes souillées de quelque crime, par l’infection d’un cadavre ou par quelqu’autre impureté.

On faisoit les lustrations de trois manieres différentes ; ou par le feu, le soufre allumé & les parfums, ou par l’eau qu’on répandoit, ou par l’air qu’on agitoit autour de la chose qu’on vouloit purifier.

Les lustrations étoient ou publiques ou particulieres. Les premieres se faisoient à l’égard d’un lieu public, comme d’une ville, d’un temple, d’une armée, d’un camp. On conduisoit trois fois la victime autour de la ville, du temple, du camp, & l’on brûloit des parfums dans le lieu du sacrifice.

Les lustrations particulieres se pratiquoient pour l’expiation d’un homme, la purification d’une maison, d’un troupeau. A tous ces égards il y avoit des lustrations dont on ne pouvoit se dispenser, comme celles d’un camp, d’une armée, des personnes dans certaines conjonctures, & des maisons en tems de peste, &c. Il y en avoit d’autres dont on s’acquittoit par un simple esprit de dévotion.

Dans les armilustres qui étoient les plus célebres des lustrations publiques, on assembloit tout le peuple en armes, au champ de Mars, on en faisoit la revûe, & on l’expioit par un sacrifice au dieu Mars ; cela s’appelloit condere lustrum, & le sacrifice se nommoit solitaurilia ; parce que les victimes étoient

une truie, une brebis, & un taureau. Cette cérémonie du lustre se faisoit ou devoit se faire tous les cinq ans le 19 Octobre ; mais on la reculoit fort souvent, sur-tout lorsqu’il étoit arrivé quelque malheur à la République, comme nous l’apprenons de Tite-Live. Eo anno, dit-il, lustrum propter capitolium captum & consulem occisum, condi religiosum fuit ; on se fit scrupule cette année de terminer le lustre à cause de la prise du capitole & de la mort d’un des consuls. Voyez Lustre.

Les anciens Macédoniens purifioient chaque année le roi, la famille royale, & toute l’armée, par une sorte de lustration qu’ils faisoient dans leur mois Xanthus. Les troupes s’assembloient dans une plaine, & se partageoient en deux corps, qui après quelques évolutions s’attaquoient l’un l’autre, en imitation d’un vrai combat. Voyez en les détails dans Potter Archæol. græc. Lib. II. c. xx. t. I.

Dans les lustrations des troupeaux chez les Romains, le berger arrosoit une partie choisie de son bétail, avec de l’eau, brûloit de la sabine, du laurier & du soufre, faisoit trois fois le tour de son parc ou de sa bergerie, & offroit ensuite en sacrifice à la déesse Palès, du lait, du vin cuit, un gâteau, & du millet.

A l’égard des maisons particulieres, on les purifioit avec de l’eau & avec des parfums, composés de laurier, de genievre, d’olivier, de sabine, & autres plantes semblables. Si l’on y joignoit le sacrifice de quelque victime, c’étoit ordinairement celui d’un cochon de lait.

Les lustrations que l’on employoit pour les personnes, étoient proprement appellées des expiations, & la victime se nommoit hostia piacularis. Voyez Expiation.

Il y avoit encore une sorte de lustration ou de purification pour les enfans nouveaux nés, qu’on pratiquoit un certain jour après leur naissance, & ce jour s’appelloit chez les Romains lustricus dies, jour lustral. Voyez Lustral, jour. (Antiq. grecq. & rom.)

Il paroît donc que lustration signifie proprement expiation ou purification Lucain a dit purgare mœnia lustro ; ce qui signifie purifier les champs en marchant tout-au-tour en forme de procession.

On peut consulter les auteurs des antiquités grecques & romaines qui ont rassemblé plusieurs choses curieuses sur les lustrations des payens ; mais Jean Lomeyer a épuisé la matiere dans un gros ouvrage exprès intitulé de lustrationibus veterum gentilium, à Utrecht 1681, in 4°. (D. J.)

LUSTRE, s. m. (Botan.) le lustre, ou la girandole d’eau, est un genre de plante que M. Vaillant nomme en Botanique chara, & qu’il caractérise ainsi dans les Mém. de l’acad. des Scienc. ann. 1719.

Ses fleurs naissent sur les feuilles ; chaque fleur est incomplette, réguliere, monopétale & androgine : elles portent sur le sommet d’un ovaire dont les quartiers figurent une couronne antique. Par-là, cet ovaire devient une capsule couronnée, laquelle est monosperme. Les feuilles sont simples, sans queue, & disposées en rayons qui accollent la tige d’espace en espace. Celles d’où naissent les fleurs, sont découpées ; de maniere que les segmens d’un côté se trouvent directement opposés à ceux de l’autre, pour former ensemble comme des mors de pincettes, dans chacun desquels un ovaire est engagé.

M. Linnæus prétend que le caractere de ce genre de plante consiste en ce que le calice est petit & composé de deux feuilles. Il est fort douteux que la fleur soit monopétale, & même qu’il y en ait une. Il n’y a point d’apparence d’étamines, ni de stile. Le germe du pistil est ovale, la graine est unique, & est d’une forme ovoïde & alongée.