Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 9.djvu/773

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tres de même nom à Argos, en l’honneur d’Apollon Lycogene, ainsi surnommé ou de ce qu’il aimoit les loups, ou comme d’autres le prétendent, de ce qu’il avoit purgé le pays d’Argos des loups qui l’infestoient.

Lycées, s. f. plur. λύκαια, (Littér.) il y avoit deux fêtes de ce nom dans la Grece : l’une se faisoit en Arcadie à l’honneur de Pan, & ressembloit en plusieurs choses aux lupercales des Romains. Elle en différoit seulement, en ce qu’il y avoit une course où, selon M. Potter, on donnoit au vainqueur une armure complette de fonte. L’autre fête appellée Lycées se célébroit chez les Argiviens, & avoit été fondée par Danaüs en l’honneur d’Apollon, auquel ce roi bâtit un temple sous le nom d’Apollon Lycéen.

Lycée mont, Lycæus, (Géog. anc.) montagne du Péloponnese, dans l’Arcadie méridionale, entre l’Alphée & l’Eurotas. Les Poëtes l’ont chanté, & Pausanias, l. VIII. c. xxxix. débite des merveilles sur les vertus de la fontaine du Lycée ; sur la ville Lycosure qu’on y voyoit, & qu’il estimoit une des plus anciennes du monde, soit dans le continent, soit dans les îles ; sur le temple de Pan, placé dans un autre endroit du Lycée, sur une plaine de cette montagne consacrée à Jupiter Lycéen, & qui étoit inaccessible aux hommes. Enfin, il ajoute : « au sommet du Lycée, est une élévation de terre, d’où l’on peut découvrir tout le Péloponnèse ; un autel décore cette terrasse : devant cet autel sont deux piliers surmontés par des aigles dorés ; le temple d’Apollon Parrhasien est à l’orient ; le champ de Thison est au nord, &c ». C’est ainsi que cet aimable historien nous inspire le desir de monter avec lui sur le Lycée, ou plutôt nous donne des regrets de la ruine de tant de belles choses. (D. J.)

LYCÉEN, (Littérat.) surnom de Jupiter, tiré du mont Lycée, où les Arcadiens prétendoient que ce souverain des dieux avoit été nourri par trois belles nymphes, dans un petit canton nommé Crétée ; il n’étoit pas permis aux hommes, dit Pausanias, d’entrer dans l’enceinte de ce canton consacré à Jupiter lycéen ; & toute bête poursuivie par des chasseurs s’y trouvoit en sûreté, lorsqu’elle venoit à s’y refugier. Sur la croupe de la montagne étoit l’autel de Jupiter lycéen, où ses prêtres lui sacrifioient avec un grand mystere. Il ne m’est pas permis, ajoute Pausanias, de rapporter les cerémonies de ce sacrifice ; ainsi laissons, continue-t-il, les choses comme elles sont, & comme elles ont toujours été : ces derniers mots sont la formule dont les anciens usoient pour éviter de divulguer ou de censurer les mysteres d’un culte étranger. (D. J.)

LYCHNIS, (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en œillet, composée de plusieurs pétales qui sont disposés en rond, qui ont ordinairement la forme d’un cœur, & qui sortent d’un calice fait en tuyau ; ces pétales ont chacun deux ou trois petites feuilles qui forment une couronne par leur position ; il sort du calice un pistil qui devient dans la suite un fruit qui le plus souvent est terminé en couronne, & qui s’ouvre par le sommet ; ce fruit est enveloppé du calice ; il n’a souvent qu’une cavité ; il renferme des semences arrondies ou anguleuses, & qui ont quelquefois la forme d’un rein ; elles sont attachées à un placenta. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

LYCHNITES, (Hist. nat.) nom que les anciens donnoient quelquefois au marbre blanc de Paros, dont sont faites les plus belles statues de l’antiquité. Voyez Paros.

C’est son éclat qui lui avoit apparemment fait donner le nom de lychnites, parce qu’il brilloit comme une lampe. Quelques auteurs ont cru que les anciens désignoient sous ce nom une espece d’escar-

boucle qui se trouvoit, disoit-on, aux environs d’Orthosia, & dans toute la Carie. Voyez Pline, Hist. nat. lib. XXXVII. cap. vij.

LYCHNOMANCIE, (Divin.) espece de divination qui se faisoit par l’inspection de la flamme d’une lampe. Ce mot est grec, & vient de λύχνος, lampe, & de μαντεία, divination.

On ignore le détail des cérémonies qui s’y pratiquoient. Il y a grande apparence que c’étoit la même chose que la lampadomancie. Voyez Lampadomancie.

LYCIARQUE, s. m. (Littér.) grand magistrat annuel de Lycie, qui présidoit aux affaires éiviles & religieuses de toute la province. Le lyciarque, dit Strabon, liv. XIV. étoit créé dans le conseil composé de députés de 23 villes de la Lycie. Quelques-unes de ces villes avoient trois voix, d’autres deux, & d’autres une seulement, suivant les charges qu’elles supportoient dans la confédération. Voy. Lycie.

Les lyciarques étoient tout-à-la-fois les chefs des tribunaux pour les affaires civiles, & pour les choses de la religion ; c’étoient ceux qui avoient soin des jeux & des fêtes que l’on célébroit en l’honneur des dieux, dont ils étoient inaugurés pontifes, en même tems qu’ils étoient faits lyciarques. Leur nom indiquoit leur puissance, commandant de Lycie. Voyez Saumaise sur Solin, & sur-tout le savant traité des époques Syro-Macédoniennes du cardinal de Norris, disert. III. (D. J.)

LYCIE, Lycia, (Géog. anc.) province maritime de l’Asie-mineure, en-deçà du Taurus, entre la Pamphylie à l’orient, & la Carie à l’occident. Le fleuve Xante, ce fleuve si fameux dans les écrits des poëtes, divisoit cette province en deux parties, dont l’une étoit en-de-là du fleuve, & l’autre au-delà. Elle reçut son nom de Lycus, fils de Pandion, frere d’Egée, & oncle de Thésée.

La Lycie a été très-célebre par ses excellens parfums, par les feux de la chimere, & par les oracles d’Apollon de Patare ; mais elle doit l’être bien davantage, par la confédération politique de ses 23 villes. Elles payoient les charges dans l’association, selon la proportion de leurs suffrages. Leurs juges & leurs magistrats étoient élus par le conseil commun ; s’il falloit donner un modele d’une belle république confédérative, dit l’auteur de l’esprit des lois, je prendrois la république de Lycie.

Les géographes qui ont traité de ce pays réduit en province sous Vespasien, n’en connoissoient guere que les côtes. La notice de l’empereur Léon le sage, & celle d’Hieroclès, ne s’accordent pas ensemble sur le nombre des villes épiscopales de la Lycie. La premiere en compte 38, & la seconde 30. On appelle aujourd’hui cette province Aidine, & elle fait une partie méridionale de la Natolie. (D. J.)

Lycie, mer de, lycium mare, (Géog.) c’étoit la partie occidentale de ce que nous nommons aujourd’hui mer de Caramanie. Elle avoit à l’orient la mer de Pamphilie, & à l’occident la mer Carpatienne. (D. J.)

LYCIUM, (Hist. anc. des drog.) suc tiré d’un arbre épineux de la Lycie, ou d’un arbrisseau des Indes nommé louchitis par Dioscoride. Voilà les deux especes de lyciam mentionnées dans les écrits des anciens Grecs, & que nous ne connoissons plus. Voyez ce qu’on a dit à la fin de l’article Cachou.

On a substitué dans les boutiques, au lycium des anciens, le suc d’acacia vrai, ou celui du fruit d’acacia nostras, qu’on épaissit sur le feu en consistence solide. (D. J.)

LYCODONTES, (Hist. nat.) nom donné par M. Hill aux pierres que l’on nomme communément bufonites ou crapaudines. Voyez ces articles.