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Page:Didon, Influence morale des sports athlétiques, 1897.djvu/19

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Les Sports athlétiques

Il sera officier, il aura un plumet. — Est-ce le plumet qui fait gagner les batailles ? Il est souvent gênant. Les hommes qui veulent remporter des victoires ont besoin de forces pratiques.

Ce que je préfère, c’est le jeune homme capable de conduire une de ces grandes affaires commerciales comme il y en a dans cette puissante ville du Havre. Je le préfère celui-là au Monsieur qui fera de la littérature, qui publiera des articles à 300, 400 ou 500 francs dans un journal en vogue, et qui, ayant le gousset bien garni, pourra mener une vie luxueuse.

Celui qui conduira une usine de 1.000 ouvriers gagnera des batailles, les batailles de l’industrie et du commerce, il fera vivre des familles et il enrichira son pays, la France. (Nombreux applaudissements.)

Il y a une troisième objection : celle des intellectuels. J’appelle intellectuel le Monsieur qui croit n’avoir plus d’estomac, qui ne peut pas souffrir un courant d’air. Il y a un courant d’air ici, fermez les fenêtres. (On rit.) Il est tellement affiné, qu’il n’appartient plus à la race humaine. Nous sommes profondément méprisés par lui, parce qu’il a fait des livres délicats, quintessenciés, ayant la dernière forme et dans lesquels on trouve des choses qu’on n’a vues nulle part. Eh bien ! que m’apprenez-vous, vous, les intellectuels ? Je le déclare, je suis peut-être un barbare, mais tous ces romans je ne les lis pas. Je me suis toujours demandé comment les femmes intelligentes pouvaient se nourrir ou plutôt s’intoxiquer de ces livres, car il faut bien le reconnaître, quand ils tirent à 100.000, il y en a 60.000 qui sont achetés par les femmes. (Applaudissements répétés.)

Que les intellectuels me pardonnent : au fond je suis un brave homme ! (Nouveaux applaudissements et rires.)

En parlant comme je le fais, j’exprime des idées qui me