Ils n'ont plus de frayeur, ni de sang, ni de chairs !
Et l'outragé ne peut que reboire sa honte !
Et quand un flot de pourpre à sa face remonte,
Il doit laisser tomber son poignard sans éclairs,
Et laisser faire à Dieu, qui pèse, compte et juge,
Et contre qui les morts n'auront pas de refuge !
S'ils étaient là, tout près, les voleurs de son nom,
Les bourreaux souriants, que ferait-il ? Sinon
Les écraser ensemble et d'un seul coup, sur l'heure,
Ainsi que deux serpents sur le bord du chemin.
Que pourrait-il de plus demander à sa main,
Que de fermer leurs yeux où la lâcheté pleure
Avec la grande nuit qui déjà les a faits,
Peut-être pour toujours, unis et satisfaits ?
Mais qu'importe qu'un couple épié prie et meure,
Si l'angoisse pour l'autre est pareille, et demeure
A jamais, si l'amour trahi hurle à jamais !
Voilà pourquoi, murée en sa rage impuissante,
L'âme du veuf, au soir, errait, morne passante,
Irréparablement déserte désormais,
Sans rien voir, sans entendre autour d'elle autre chose
Que son effondrement dans la nuit vaste et close.
Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/113
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