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Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/208

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Tourmente sa poitrine au repentir en proie,
La vieille chante, ainsi qu'en un rêve, tout bas :

« La pluie aux grains froids là-haut tombe à verse.
Mon cher enfant dort, et moi je le berce,
Dans son berceau fait de chêne et de plomb.
J'entends un bruit sec qui gratte et qui perce.
Tu dors, mon enfant, d'un sommeil bien long !
— Mon enfant s'agite en ses draps de plomb.
« Un lourd cauchemar, mon enfant, t'agite.
Ton berceau de chêne est un mauvais gîte.
— Mon âme est partie, et vide est mon corps ! ... »

Gemma sait que Mâhall est une pauvre folle
Qui l'aime, voilà tout, mais qu'on ne comprend pas.
Le malheur, dont blêmit sur son front l'auréole
Sinistre, la rend sourde aux vains mots. -elle entend
Son remords qui plus haut gronde, lui répétant :
« Trop tard ! Il est trop tard ! Rappelle-toi ! Déroule
Ce chapelet maudit de tes loisirs ingrats,
Quand les appels vers toi se succédaient en foule,
Quand sous tes seins, figés alors entre tes bras,
S'élargissait un vide aux voûtes taciturnes ;
Quand plaintes et parfums, débordant de leurs urnes,
Ne faisaient rien vibrer en toi, n'embaumaient rien !
À jamais à présent dans la nuit vengeresse,
Dans l'oubli de ta forme et du martyre ancien,
Il dort. Nul souvenir assidu ne l'oppresse.