Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/85

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Il me fallait aussi sur-le-champ reconnaître
Une noblesse éparse au sommet de ce front,
Dans les vagues lueurs qui plus bas se fondront ;
Une suavité dans cette chevelure
Onduleuse ; une grâce enfantine et si pure
Sur ces lèvres ; partout, pour chaque ligne enfin,
Une virginité de calme séraphin,
Une fleur de jeunesse, une aristocratie
De rêve, s'unissant dans sa gloire adoucie
A la solennité d'une apparition
Dont Rembrandt n'a jamais cherché l'impression.
Concevez à présent cette confuse image
S'avançant de degrés en degrés, d'âge en âge,
De toile en toile, vers la lumière et vers vous ;
Du fond de ces vapeurs au rayonnement roux,
Voyez-la s'imprégner chaque fois d'une vie
Plus intense, toujours à l'ombre plus ravie,
Virginale toujours, mais femme cependant
De plus en plus, plus fière aussi vous regardant,
Et des limbes premiers de son adolescence
Arrivant, sous l'essor de sa jeune puissance,
Jusqu'à l'éclosion enfin d'une beauté
Sûre d'avoir conquis son immortalité.
Tels j'admirais, plongé dans de longues extases,
Ces portraits successifs, insaisissables phases
De la forme endormie encor dans sa candeur
A la forme éveillée en sa riche splendeur,
Qui se connaît et qui s'impose, de la vierge