Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, I.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Qu'un songe inconscient et sans amour submerge
A celle qui se sent aimée, et dont les yeux
Ne réfléchissent rien d'un cœur silencieux.
Et maintenant, tout près de moi, la pâle tête
Qui dans le dernier cadre, illusion complète,
Respirait, échappée aux baisers de la nuit ;
Dardait vers moi l'éclair d'un regard qui poursuit ;
S'enveloppait de vie et d'éclat, palpitante
Des vivaces espoirs d'une héroïque attente,
Et magnifiquement, comme un matin d'été,
épanouie au sein de sa propre clarté ;
Ainsi qu'en un miroir un reflet qui s'obstine,
C'était bien cette fois la tête florentine
De Stella Vespera, telle que bien souvent
Naguère je l'avais contemplée en rêvant.
Jamais l'art ne fixa d'une main plus fidèle
Dans son panthéon chaste un glorieux modèle ;
Jamais aussi, devant le génie et l'amour,
Plus belle vérité ne se fit voir au jour.
Ainsi, mon souvenir, dans sa forme absolue,
Triomphant, tout à coup se dressait à ma vue,
M'enchaînait de nouveau, si loin ! Et se parait
D'un charme plus profond fait d'un nouveau secret,
Sacrant tout l'atelier du silence des temples !
Et moi, je m'abîmais dans ses prunelles amples.
Bien des heures, j'avais jusqu'ici médité,
En pensant à ses yeux, sur leur étrangeté ;