Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, II.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA COURTISANE 93

LA COURTISANE

Certes, le mal sur nous a d’étranges puissances.
Comme à l’abîme plein d’épouvante et d’échos,
Le chimérique appât des âcres jouissances
Nous attire vers lui, tous les jours, sans repos.

Mais il est entre tous un puits fait de vertige,
Où l’âme, en s’y penchant, vacille de stupeur.
C’est l’œil clair et sans fond sous qui le sang se fige,
L’œil de la courtisane où nage une vapeur ;

L’œil vitreux, aux éclats de phosphore et d’agate,
Qui fouille tous les cœurs comme de vieux foyers,
Et le soir, comme un phare énigmatique, éclate,
Attrait mystérieux des continents noyés.

— Quand tu tournes vers nous la clarté chatoyante
De ta large prunelle aux reflets verts ou bleus,
Dans ton regard errant une attente effrayante
Est cachée, ô Sirène aux contours onduleux !