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Page:Dierx - Œuvres complètes, Lemerre, II.djvu/104

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94 LES AMANTS

Surmontant le dégoût des baisers pleins de baves,
Circé qui te repais des hontes du vieillard
Et chanjjcs dans tes nuits les gloires en épaves,
Quelle angoisse, réponds, nous dérobe ton fard ?

Dans ta sérénité, rempart inattaquable ;
L’ennui plane-t-il seul sur ton front nonchalant ?
Toujours inassouvie et toujours implacable,
Hst-ce la soif de l’or qui te ronge le flanc ?

Peut-être, un de ces soirs aux senteurs souveraines
Où, comme un flot d’encens, les paradis perdus,
Refluant du passé dans leurs candeurs sereines,
Nous font sentir l’horreur des gouffres descendus ;

Peut-être as-tu maudit l’amour qui t’a trompée ;
Et que, croyant tarir la rancune et le fiel.
Tu te venges sur tous, dans ta froideur drapée,
Des cris désespérés que méprisa le ciel.

Vide ou non, ce regard à la terrible geôle
De tes bras conduit ceux qu’a marqués ton orgueil ;
Et dès que tu souris, l’enfer qui les enjôle
Dore les profondeurs sinistres de ton œil !