Page:Dieulafoy - La Perse, la Chaldée et la Susiane.djvu/139

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princes ou tous les membres de la famille royale assez puissants pour devenir à sa mort des compétiteurs au pouvoir. Trois de ses frères s’enfuirent, un autre eut les yeux arrachés, et enfin le dernier, le brave Djaffer Kaoli khan, qui l’avait aidé à conquérir le trône et à agrandir l’empire, fut aussi sacrifié et assassiné.

Quand on lui apporta le corps de son frère, Aga Mohammed témoigna un violent désespoir : il fit approcher son neveu, l’accabla d’injures et, lui montrant le cadavre sanglant : « Baba khan, s’écria-t-il, l’âme généreuse qui animait ce corps ne vous aurait jamais laissé jouir en paix de la couronne. La Perse eût été déchirée par les guerres civiles. Afin de vous assurer le trône et d’éviter de pareils malheurs, j’ai détruit le meilleur et le plus dévoué des frères, j’ai commis un meurtre abominable et me suis montré d’une ingratitude criminelle.


Mendiante persane


« Voilà mon successeur, disait souvent le roi en désignant le jeune prince ; que de sang j’ai répandu dans l’espoir de lui assurer un règne paisible ! »

Aga Mohammed joignait à une ambition immense une avarice sordide. Il avait accumulé des trésors considérables et réuni d’admirables joyaux, arrachés aux descendants de Nadir.

Un jour, un paysan condamné à avoir les oreilles coupées proposait de l’argent au bourreau s’il voulait n’en trancher qu’une seule ; le roi l’ayant entendu le fit approcher et lui