Page:Dieulafoy - La Perse, la Chaldée et la Susiane.djvu/185

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à la porte du palais. Nous montons à notre tour les degrés, sur l’invitation du gouverneur et prenons place sur des chaises alignées les unes auprès des autres, faisant face à la foule accourue de tous côtés. Après nous avoir fait remplir consciencieusement pendant plus d’une heure les devoirs des plus remarquables phénomènes de la foire, Abbas Kouly Khan se décide à lever la séance et demande son cheval. « Nous ne pouvons, dit-il, loger au palais, où l’espace est fort restreint. » En réalité il veut être libre de recevoir tout à son aise le sous-gouverneur indigène, les mécontents et les espions chargés de surveiller les faits et gestes du baron. Conduits par les ferachs, nous traversons un cimetière et prenons possession d’une maison très délabrée dont on vient de chasser les habitants à coups de bâton.



L’embarras du choix à faire entre les pièces est grave : les unes, exposées au soleil, ont des semblants de portes qui permettent d’obtenir une obscurité relative pendant le milieu du jour ; les autres, ouvertes dans la direction du nord, sont privées de toute fermeture : la lumière y est éblouissante et les mouches aussi nombreuses que les grains de sable de la cour. Je jette enfin mon dévolu sur une chambre munie d’une porte, je donne l’ordre d’étendre à terre les lahafs, et, après avoir cloué devant les ais disjoints des portières de laine noire pour la confection desquelles j’ai pris à Téhéran un brevet d’invention, je m’allonge, croyant me livrera un bienfaisant repos.

Ma quiétude est de courte durée. Tout à coup je crois être le jouet d’un cauchemar. Quels sont les animaux que j’aperçois sur le sol et ceux qui se promènent sur ma figure ?Je suis couverte de punaises laissées par les précédents propriétaires ; d’énormes arai-