Page:Dieulafoy - La Perse, la Chaldée et la Susiane.djvu/214

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de la pousser quand elle avait atteint les derniers degrés, pour la lancer dans l’éternité.

La victime n’avait pas grand’chance d’effectuer sans dommage ce voyage aérien. On raconte cependant que l’esclave d’un riche négociant, accusée d’avoir empoisonné son maître, et condamnée à subir le sort réservé aux adultères, tomba si heureusement sur le sol, qu’elle se releva sur-le-champ en prenant Allah il témoin de son innocence. La foule, émerveillée, crut à un miracle, arracha les voiles de cette femme, en fit des reliques et la ramena en


Une rue de Kachan - Masjded Djouma


triomphe au palais du gouverneur. Par respect pour la volonté divine, les habitants de Kachan ne se contentèrent pas de la vénérer à l’égal d’une sainte, ils lui assurèrent pendant toute sa vie une existence indépendante.

En rentrant au télégraphe, nous passons auprès de la masdjed djouma. Sur la rue même s’élève un antique minaret, dont les parties inférieures sont encore revêtues d’élégantes mosaïques de briques monochromes ; je demande à mon guide s’il nous est permis de visiter cet édifice, son état de ruine me semblant autoriser cette infraction aux usages.