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panneaux de faïence persane

CHAPITRE. XIII


La fondation d’Ispahan. — L’histoire de la ville. — Ses monuments. — Le palais des Tcheel-Soutoun(Quarante-Colonnes). — Le général-dodour Mirza Taghuy khan. — Le pavillon des Hacht-Bechet (Huit-Paradis). — Audience du sousgouverneur. — La vieillesse de chah Abbas. — Salle du Çar-Poucliideh. — Le prince Zellè sultan. — Les faïences persanes. - La médressè de la Mère du Roi. — Un caravansérail.


25 août. — Les fêtes du Ramazan se terminent dans trois jours. Le moment est venu de demander l’autorisation de visiter les mosquées et les édifices religieux de la ville musulmane. Malheureusement les difficultés que soulèvent toujours les prêtres quand ils sont saisis de pareilles requêtes vont encore s’accroître en l’absence de Zellè sultan (l’ombre du roi), car seul le fils aîné du chah a assez d’autorité et de puissance pour oser marcher à l’encontre du fanatisme du clergé.

Avant de quitter Ispahan, le prince a nommé un sous-gouverneur, mais il a laissé à son médecin et confident, le général Mirza Taghuy khan, la haute direction des affaires. Mirza Taghuy khan est venu nous voir dès notre arrivée. Sur la recommandation de son ancien maître le docteur Tholozan, il nous a fait ses offres de service : toutefois il ne nous a pas laissé ignorer que la capitale de l’Irak est peuplée de dévots et d’hypocrites réputés pour leur caractère querelleur et acariâtre.

« lspahan est un jardin de délices ; mais pourquoi faut-il qu’il soit habité ? Tout serait bien dans cette ville s’il n’y avait point d’ispahaniens. »

Les seïds (descendants du Prophète) sont aussi fort nombreux et s’efforceront de profiter de l’éloignement de Zellè sultan pour se venger sur nous de la sévérité que ce prince déploie à l’égard du clergé, et de la considération qu’il témoigne généralement aux chrétiens. En forme de conclusion, Mirza Taghuy khan nous a engagés à nous montrer très circonspects et à ne pas chercher à entrer dans les mosquées jusqu’à ce que, sur un firman de Zellè sultan, l’imam djouma et le mouchteïd nous aient autorisés à y pénétrer. En attendant le retour d’un courrier envoyé en toute hâte à Bouroudjerd, où stationne