Page:Dieulafoy - La Perse, la Chaldée et la Susiane.djvu/288

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un homme âgé les plus douloureuses tortures ; vaincu par la souffrance, il se décida à indiquer la position de quelques brillants dissimulés soit dans des puits, soit dans les fondations des murs du palais, mais l’obstiné vieillard ne fit connaître la cachette du rubis extraordinaire placé autrefois sur la couronne du dernier prince de la race de Timour (Aurengzeb), qu’au moment où il sentit couler sur sa tête, entourée d’un bourrelet de plâtre, du plomb en fusion versé goutte à goutte.

« Mohammed-Aga témoigna la joie la plus vive en retrouvant le précieux rubis et sans tarder donna l’ordre de mettre fin au supplice du vieillard, mais il était trop tard : chah Rokhch, victime de son avarice, mourut au bout de peu de jours.

Tour a Signaux a Ispahan

« L’inestimable joyau qui lui coûta la vie est placé sur la sphère terrestre de Nasr ed-din chah, non loin d’un diamant magnifique pris sur Achraf, le dernier roi afghan de la Perse, et envoyé avec la tête de ce prince à chah Tamasp par un chef de tribu du Béloutchistan. Le rubis de chah Rokhch rappelle au roi que le Démavend est la plus haute montagne du monde, et le brillant d’Achraf que Téhéran l’emporte en beauté sur toutes les capitales. »

Essayer de réformer l’instruction géographique d’une femme persane serait plus difficile que d’expliquer la géométrie à un khater (mulet)

« Pourquoi, belle comme vous l’êtes, avez-vous quitté la cour de Téhéran ?

— Nasr ed-din chah, désireux de témoigner à hadji Houssein une estime méritée par de nombreux et signalés services, m’a donnée à lui en mariage. Je ne saurais me plaindre de mon sort, car l’aga est bon, m’aime tendrement et n’a pas d’autre épouse légitime que moi ; mais je ne puis m’empêcher parfois de regretter avec amertume de ne plus prendre part aux grands voyages entrepris par l’andéroun pour suivre pendant l’été les déplacements du camp royal, et de ne plus assister aux fêtes du Norouz ou aux belles représentations religieuses données au palais pendant le mois de Moharrem en souvenir des martyrs de notre foi. »

Sur ces paroles, Ziba khanoum se lève et m’invite à visiter sa maison. La cour, plantée