Page:Dieulafoy - La Perse, la Chaldée et la Susiane.djvu/360

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24 septembre. — Grâce à d’ingénieuses précautions, nous n’avons eu cette nuit que les pieds, le nez et les oreilles gelés : c’est une faible souffrance en comparaison de la courbature d’hier. Notre installation pendant la dernière étape était, à vrai dire, des plus confortables ; les oreillers, ficelés dans les sacs à paille fixés à l’arçon des selles, nous servaient d’appui ; les lahafs, attachés autour du cou par de solides ficelles, pendaient sur le dos et les jambes et nous préservaient de tout refroidissement.

Nous devions avoir fière tournure, tous deux, emmaillotés dans les ramages rouges et bleus de nos grands couvre-pieds ouatés, au-dessus desquels se montraient seuls les casques de feutre blanc et les canons des fusils ! Il y a beau jour, heureusement, que nous ne sommes

VUE DE YEZD-KHAST.

plus tourmentés par des soucis de toilette ; une suprême élégance n’est point ici de rigueur. Dès le lever du soleil, la plaine, déserte depuis Koumicheh, m’est apparue cultivée avec grand soin et semée de villages entre lesquels circulent de petites caravanes de paysans ; la voie de Chiraz est encombrée de cavaliers, de piétons, de bêtes de somme et semble aussi fréquentée qu’une grande route de France. A midi nous arrivons en vue de Yezd-Khast.

o mon laliaf, que je vous remercie ! Vous me valez aujourd’hui le bonheur d’avoir les membres souples comme ceux d’un acrobate et de pouvoir monter jusqu’au village, dès que j’ai pris possession du balakhanè d’un beau caravansérail bâti dans la plaine.

Au milieu d’une vallée fertile divisée en une multitude de jardins et de champs, émerge brusquement un rocher, de forme oblongue, mesurant environ cinq cents mètres de longueur sur cent soivanle-dix de largeur. Il est couvert de maisons, dont les murailles semblent