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PERSÉPOLIS. — PALAIS DE DARIUS.(Voyez p. 399.)


CHAPITRE XXI


Le village de Kenaré. — Les emplâtrés. — Takhtè Djemchid. — Les taureaux androcéphales. — L’apaddna de Xerxès. — Palais de Darius. — La sculpture persépolitaine. — Costumes des Mèdes et des Perses. — Ruines de l’apadâna il cent colonnes. — La rentrée des impôts. — Les tombes achéménides. — L’incendie de Persépolis. — La ruine d’Istakhar. — Une famille guèbre en pèlerinage à Nakhchè Roustem. — La religion des Perses au temps de Zoroastre. — Le Zend-Avesta. — Départ de Kenaré pour Chiraz.


6 octobre. — La nécessité de renouveler nos approvisionnements épuisés, l’impossibilité de supporter pendant plusieurs nuits de suite les piqûres des moustiques, nous ont obligés à fuir pendant deux jours l’abominable tchaparkhanè voisin du Takhtè Djemchid et à venir chercher un refuge dans le petit village de Kenarè, situé à deux farsakhs des palais persépolitains. L’éloignement des ruines nous condamne matin et soir à une longue course à cheval ; mais que ne ferait-on pas pour échapper aux moustiques et à l’insomnie, leur inséparable compagne ? Nous avons trouvé un gîte honnête dans un balakhanè élevé au-dessus de la maison d’un riche paysan. Murs et plafonds sont crépis en mortier de terre ; une natte de paille étendue sur le sol et une amphore de cuivre constituent le mobilier de la pièce. Cette installation n’a rien de sardanapalesque, mais nous paraît cependant des plus confortables, car la hauteur de la pièce au-dessus du sol nous protège contre les émanations fétides des rues et nous permet de respirer à pleins poumons l’air pur des montagnes que nous apporte la brise de l’est. Les avantages de la position du balakhanè se payent au prix de quelques sacrifices : forcés de dîner sur la terrasse, de développer les clichés et de préparer les châssis au clair de lune, nous sommes ici, comme à Saveh, le point de mire des femmes de tout âge, qui se pressent en foule sur les toits du voisinage. Depuis Maderè Soleïman la race parait se modifier : en promenant les regards autour de moi, j’aperçois des jeunes filles à la taille élancée, aux yeux bleus, aux cheveux blonds et souples, les premiers que j’aie vus en Perse ; notre tcharvadar lui-même, un 1. Les gravures de ce chapitre sont dessinées d’après des héliogravures de l’Art antique de la Perse, publié par M. Dieulafoy (Librairie centrale d’Architecture, 1884).