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Page:Dieulafoy - La Perse, la Chaldée et la Susiane.djvu/417

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Si les bas-reliefs sculptés sur les chambranles des portes reproduisent tous des épisodes particuliers de la vie du souverain, les tableaux qui recouvrent les rampes de l’escalier ont, en revanche, un caractère beaucoup plus intime. Des serviteurs s’élèvent jusqu’au palais en tenant dans leurs bras de jeunes chevreaux, des plats de fruits, des outres pleines de vin ou des sacs de grain.

Je me souviens avoir vu, dans les escaliers conduisant des cours aux terrasses du temple d’Edfou, de longues théories de prêtres sculptées en bas-relief tout le long des degrés et transportant processionnellement, à l’occasion de certaines fêtes, des barques ou des emblèmes sacrés. L’idée de cette singulière décoration serait donc égyptienne. Mais il ne saurait en être de même de la scène représentée : les personnages qui gravissent les rampes viennent, à l’occasion du nouvel an, offrir un présent à leur souverain. Vingt-cinq siècles ; se sont écoulés depuis que ces bas-reliefs ont été taillés, et la très antique fête dont ils reproduisent l’épisode essentiel se célèbre tous les ans à Téhéran, pour la plus grande satisfaction du roi des rois. Au-dessous de ces personnages, et pour remplir l’angle formé par les dernières marches de l’escalier au-dessus du sol, les décorateurs ont placé une des plus intéressantes sculptures de Persépolis : le combat du taureau et du lion. La bête sauvage mord à la cuisse son ennemi, et d’un coup de sa puissante patte lui brise les reins. Le attitudes sont vraies, l’épaule et la patte du lion supérieurement rendues ; le dessin est pur et élégant ; le porphyre, très dur, est mis en œuvre avec une habileté et un fini remarquables.

D’après certains auteurs les deux animaux personnifieraient Ormuzd et Ahriman. ou la lutte des principes du bien et du mal. La licorne serait l’image du Dieu bienfaisant eh créateur ; le lion représenterait une puissance exterminatrice et destructive. Il m’est difficile de partager cette manière de voir ; le même sujet a souvent été traité dans l’antiquité, et depuis les Babyloniens jusqu’aux Grecs il n’est pas de peuple, quelle que soit d’ailleurs la religion, qui n’ait gravé sur la pierre un combat où la victoire reste au roi des animaux.

A soixante-quinze mètres environ du palais de Darius s’étendent les débris de deux palais bâtis par Xerxès et ses successeurs ; ils reproduisent le modèle des monuments construits par le fondateur de Persépolis.