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Page:Dieulafoy - La Perse, la Chaldée et la Susiane.djvu/428

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L’ensemble des livres attribués à Zoroastre formait vingt et un ouvrages, qui existaient encore, nous dit la tradition, au temps d’Alexandre. Aujourd’hui on possède seulement deux recueils de fragments : le Vendîdàd Sadeh et le Yecht Sàdeh. Le premier de ces recueils se compose du Vendîdàd ou livre contre les démons, du Yaçna, livre du sacrilice, et du Vispered, livre liturgique ; tous ces ouvrages sont écrits en langue zend ou mède. Avant toute chose, la religion mazdéiquc recommande à ses adeptes d’adorer Aouramazda, l’esprit sage, le lumineux, le resplendissant, le très grand, le très bon, le très parfait, le très actif, le très intelligent et le très beau. C’est la divinité ailée devant laquelle se tient Darius sur les bas-reliefs des tombes achéménides. Aouramazda avait pour coadjuteurs dans son œuvre créatrice et bienfaisante six Amecha-Çpentas et une multitude de génies, les Yazatas chargés de la conservation de l’univers ; enfin, sous les ordres des Yazatas, se trouvaient des esprits destinés à veiller sur chaque créature en particulier. Ces èlres immatériels, nommés safravashi ou féroucr, devenaient d’autant plus heureux dans le ciel, qu’ils avaient mieux rempli leur tache sur la terre, et semblent être la première forme des anges gardiens de la religion chrétienne.

En même temps qu’Aouramazda, dont le nom signifie « Seigneur omniscient » et qui est appelé aussi Çpenta-Mainvou (l’Esprit qui dilate), créait le monde et suscitait les forces qui le régissent, le principe destructeur apparaissait sous la forme d’Angro-JMainyou (Esprit d’angoisse) ou d’Aliriman. Angro-Mainyou tirait du néant toutes les choses nuisibles, comme Aouramazda avait donné naissance au bien, a la beauté et à la lumière. La nécessité de se faire aider dans sa tache dévastatrice engageait l’esprit du mal à s’entourer de rfeares (dives) destinés à semer dans le monde le chagrin ou le péché. Les six plus puissants d’entre eux étaient opposés aux Amecha-Çpentas.

Les prescriptions liturgiques de l’Avesta sont admirables de sagesse. Le législateur s’est donné pour but de créer une société calme, riche et heureuse. L’agriculture est la base d’un système économique développé avec une admirable prévoyance ; les formules de la religion sont simples ; Zoroastre demande seulement à l’homme d’adresser des prières et des sacrifices à son dieu, d’être simple de cœur, sincère de paroles et loyal dans ses actions. Aouramazda n’avait ni statue ni temple mystérieux, mais au faîte des montagnes s’élevaient des pyrées sur lesquels des prêtres entretenaient le feu sacré. Les Perses lui offraient en sacrifice le bœuf, le cheval,, la chèvre et la brebis ; la chair de ces animaux était placée devant le brasier et non sur la flamme, qu’elle aurait pu souiller. La crainte de détruire la pureté de la terre, du feu et de l’eau empêchait également les sectateurs de la religion de Zoroastre de brûler, d’enterrer et de jeter dans les rivières les corps morts. Ils les déposaient à l’interieur de grandes tours sans toiture, connues sous le nom de (lakhmas (tours du silence), et les abandonnaient aux oiseaux de proie. Après la mort, l’âme restait trois ou quatre jours auprès de sa dépouille terrestre, puis elle se présentait devant un tribunal. Le génie Kachnou pesait ses bonnes et ses mauvaises actions, et la conduisait ensuite sur un pont jeté au-dessus de l’enfer. Si les mauvaises actions l’emportaient sur les bonnes, elle tombait au fond du gouffre et devenait la proie d’Aliriman ; dans le cas contraire, elle traversait le pont, arrivait devant Vohou-Mano, qui la présentait à Aouramazda. Les ministres du culte, généralement connus sous le nom de « mages », portaient en réalité le titre d’atl’avan. Mage chez les Mèdes, comme Lévi chez les Juifs, désignait peut-être la tribu au sein de laquelle se recrutaient les prêtres, qui héritaient leur charge sacerdotale de leurs ascendants directs. Cette tradition s’est perpétuée chez les Guèbres des Indes. Le mot « mage », que les auteurs anciens empruntèrent aux Perses, était sans doute une désignation qu’employaient en mauvaise part les adversaires religieux des prêtres mèdes.