Page:Diodore - Histoire universelle, édition 1741, tome 4.djvu/219

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hommes dès leurs que la peſte leur avoit enlevez. Ils avoient détruit par le feu toute la campagne qui étoit autour de cette Ville, & ce fut par le feu qu’ils perdirent leur flotte entière. Ils avoient fait une vaine oſtentation de leur avantage paſſager en entrant dans le port de Syracuſe, & ils ne prévoyoient pas que peu de jours après, fuyant à la faveur de la nuit, ils livreroient honteuſement leurs propres Alliez à leurs Ennemis. Le Général lui-même qui avoit oſé placer ſa tente dans le temple de Jupiter, où il s’étoit enrichi des dépouilles les plus ſacrées, eut le malheur d’arriver par la fuite juſque dans Carthage, de peur qu’une mort qui auroit été favorable pour lui, ne le ſauvât des opprobres qu’il eſſuya dans ſa Patrie, & qui furent un juſte châtiment de ſes ſacriléges. En effet, accablé des reproches de tout le monde, il tomba dans un tel excès d’infortune, que couvert d’un habit très-pauvre il alloit de temple en temple confeſſant ſes impiétez envers les Dieux, & reconnoiſſant la juſtice de leur vengeance ; juſqu’à ce qu’enfin ſe jugeant lui-même digne de mort, il ſe conſuma de chagrin & de honte, & laiſſa après