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LIVRE I.

tantôt sous la figure humaine ou sous quelque autre forme ; et ceci n’est point fabuleux, puisqu’étant les auteurs de tout être, les dieux peuvent revêtir toutes sortes de formes. C’est ce que le poëte, qui avait été en Égypte et qui avait eu des relations avec les prêtres de ce pays, fait entendre par ces mots : « Et les dieux, sous la forme de voyageurs étrangers, parcourent les villes, et examinent eux-mêmes la méchanceté et la vertu des hommes[1]. » Voilà ce que les Égyptiens racontent des dieux célestes et immortels.

XIII. Les dieux ont eu des enfants terrestres. Ceux-ci, quoique nés mortels, ont, par leur sagesse ou par le bien qu’ils ont fait aux hommes, obtenu l’immortalité ; quelques-uns ont été rois dans l’Égypte. De ces rois, les uns ont eu des noms communs avec les dieux, et les autres ont eu des noms particuliers. C’est ainsi qu’on cite Hélios, Saturne, Rhéa, Jupiter (que quelques-uns appellent Ammon), Junon, Vulcain, Vesta et Hermès. Hélios, dont le nom signifie soleil, a régné le premier en Égypte. Quelques prêtres nomment comme premier roi Vulcain, inventeur du feu, et par cela même le plus digne de la royauté. Un arbre frappé par la foudre avait mis en flamme une forêt voisine : Vulcain accourut, et quoique en hiver, il changea de vêtement à cause de la chaleur ; le feu commençant à s’éteindre, il l’entretint en y jetant de nouvelles matières ; alors il appela les autres hommes pour venir profiter de sa découverte. Après Vulcain, régna Saturne qui épousa sa sœur Rhéa, et en eut, selon quelques mythologistes, Osiris et Isis, ou, selon la plupart, Jupiter et Junon, qui par leurs vertus parvinrent à l’empire du monde entier. De ceux-ci naquirent cinq dieux ; la naissance de chacun coïncide avec un des cinq jours intercalaires de l’année égyptienne. Ces dieux sont Osiris, Isis, Typhon, Apollon et Vénus. Osiris correspond à Bacchus, et Isis à Cérès. Osiris ayant épousé Isis et succédé au trône de son père, combla la société de ses bienfaits.

XIV. Il fit perdre aux hommes la coutume de se manger

  1. Odyssée, chant XVII. v. 485.