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PRÉFACE.

tres contrées ; ils avaient à leur tête Danaüs, Cadmus et plusieurs chefs célèbres. Mais la plus grande masse envahit ce qu’on appelle aujourd’hui la Judée, assez voisine de l’Égypte, et tout à fait déserte à cette époque reculée. À la tête de cette colonie était un nommé Moïse, homme d’une sagesse et d’un courage rares. Il vint occuper ce pays, et fonda entre autres villes celle qui porte le nom de Jérusalem et qui est aujourd’hui très célèbre. Il construisit aussi le temple le plus vénéré chez les Juifs, il institua le culte divin et les cérémonies sacrées, donna des lois, et fonda un gouvernement politique. Il divisa le peuple en douze tribus, parce que ce nombre était réputé le plus parfait, et correspondait aux douze mois de l’année. Il ne fabriqua aucune idole, parce qu’il ne croyait pas que la divinité eût une forme humaine, mais que le ciel qui environne la terre est le seul dieu et le maître de l’univers. Les institutions religieuses et les coutumes qu’il établit sont tout à fait différentes de celles des autres nations. Par son éloignement pour les étrangers, il introduisit des mœurs contraires à l’esprit de l’humanité. Il choisit les hommes les plus considérés et les plus capables de régner sur toute la nation, et les investit des fonctions sacerdotales ; il leur assigna le service du temple, du culte divin et des cérémonies religieuses. Il leur remit le jugement des causes les plus importantes, et leur confia la garde des lois et des mœurs. C’est pourquoi les Juifs n’ont pas de roi, et le gouvernement de la nation est entre les mains du prêtre réputé le plus sage et le plus vertueux ; on lui donne le nom de grand prêtre, et on le considère comme le messager des ordres de Dieu. C’est lui qui, dans les assemblées