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Page:Diodore de Sicile - Bibliothèque historique, Delahays, 1851.djvu/33

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LIVRE I.

Après avoir réfléchi à tout cela, nous avons jugé à propos d’entreprendre cet ouvrage dans le but d’être utile et le moins fastidieux que possible pour le lecteur. Une histoire universelle depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours est sans doute un travail d’une exécution difficile, mais qui est du plus haut intérêt pour les hommes studieux. Chacun pourra puiser à cette grande source tout ce qui lui paraît le plus utile. Ceux qui veulent s’instruire manquent souvent des moyens de se procurer les livres nécessaires ; de plus, il leur est difficile de démêler les faits véritables dans la multitude et la variété des récits. Une histoire universelle coordonne les faits, en rend la compréhension facile et les met à la portée de tout le monde. En somme, elle est autant au-dessus des histoires particulières que le tout est au-dessus de la partie, que le général est au-dessus du particulier) et, en soumettant les faits à un ordre chronologique, elle est supérieure à tout récit de choses dont la date est inconnue.

IV. Comme l’exécution d’un projet si utile demande beaucoup de travail et de temps, nous y avons employé trente ans. Nous avons parcouru, avec bien des fatigues et bien des risques, une grande partie de l’Asie et de l’Europe, afin de voir de nos propres yeux la plupart des contrées les plus importantes dont nous aurons occasion de parler. Car c’est à l’ignorance des lieux qu’il faut attribuer les erreurs qui sont commises même par les historiens les plus renommés.

Ce qui nous porte à entreprendre cet ouvrage, c’est surtout le désir d’être utile (désir qui chez tous les hommes mène à bonne fin les choses en apparence les plus difficiles) ; puis, la facilité avec laquelle nous pouvons nous procurer à Rome tout ce qui peut contribuer à la réalisation de ce projet. En effet, cette ville dont l’empire s’étend jusqu’aux confins du monde nous a fourni de grandes facilités, à nous qui y avons séjourné pendant un temps assez long. Natif d’Argyre, en Sicile, et ayant acquis une grande connaissance de la langue latine, à cause des rapports intimes et fréquents que les Romains ont avec cette île,