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DIODORE DE SICILE.

d’un mouvement continuel : l’élément igné s’éleva dans les régions supérieures, en vertu de sa légèreté. C’est pourquoi le soleil et toute l’armée des astres, qui sont formés de cet élément, sont entraînés dans un tourbillon perpétuel. L’élément terrestre et l’élément liquide restèrent encore mélangés ensemble, en raison de leur poids ; mais, l’air tournant continuellement autour de lui-même, les particules humides produisirent la mer, et les particules plus compactes formèrent la terre molle et limoneuse. Sous l’influence des rayons du soleil, la terre prit de la consistance ; par l’action combinée de la chaleur et de l’humidité, sa surface se souleva comme une matière fermentescible : il se forma en beaucoup d’endroits des excroissances recouvertes de minces membranes, ainsi qu’on le voit encore aujourd’hui arriver dans les lieux marécageux, lorsqu’à une température froide succède subitement un air brûlant, sans transition successive. La matière, ainsi vivifiée, se nourrit pendant la nuit de la vapeur qui se condense, tandis qu’elle se solidifie pendant le jour par l’effet du soleil. Enfin, ces germes, après avoir atteint leur dernier degré de développement et rompu les membranes qui les enveloppaient, mirent au monde tous les types d’animaux. Ceux en qui la chaleur domine s’élevèrent dans les airs ; ce sont les oiseaux. Ceux qui participent davantage du mélange terrestre se rangèrent dans la classe des reptiles et des autres animaux qui vivent sur la terre. Ceux qui tiennent davantage de la substance aqueuse trouvèrent dans l’eau un séjour convenable ; on les appelle animaux aquatiques. La terre, se desséchant de plus en plus sous l’influence de la chaleur du soleil et des vents, finit par ne plus engendrer aucun des animaux parfaits. Depuis lors, les êtres animés se propagent par voie de génération, chacun selon son espèce. Euripide, disciple d’Anaxagore le physicien, semble avoir les mêmes idées sur l’origine du monde, lorsqu’il dit dans Ménalippe :

« Ainsi le ciel et la terre étaient confondus dans une masse commune, lorsqu’ils furent séparés l’un de l’autre.

Tout prenait vie et naissait à la lumière : les arbres, les