finissons[1]. Ainsi, notre histoire, composée de quarante livres, comprend un laps de temps de mille cent trente-huit ans, sans compter l’époque qui précède la guerre de Troie.
Nous avons indiqué ces notions préliminaires, afin de donner au lecteur une idée de l’ensemble de l’ouvrage et d’en prévenir l’altération de la part des copistes. Nous souhaitons que ce qu’il y a de bon n’excite la jalousie de personne, et que les erreurs qui s’y rencontrent soient rectifiées par ceux qui sont plus instruits que nous. Après cette courte introduction, nous allons procéder à la réalisation de notre promesse.
VI. Nous essaierons d’exposer à part les idées émises par les premiers instituteurs du culte divin sur ce que la mythologie raconte de chacun des immortels ; car c’est là un sujet qui demande beaucoup d’étendue. Cependant, nous ne manquerons pas de faire ressortir, dans notre exposé, tout ce qui nous paraîtra convenable et digne d’être mentionné. Commençant aux temps les plus anciens, nous décrirons soigneusement et en détail tout ce qui a rapport au genre humain et aux parties connues de la terre habitée. Parmi les naturalistes et les historiens les plus célèbres il y a deux opinions différentes sur l’origine des hommes. Les uns admettent que le monde est incréé et impérissable, et que le genre humain existe de tout temps, n’ayant point eu de commencement. Les autres prétendent, au contraire, que le monde a été créé, qu’il est périssable, que le genre humain a la même origine que le monde et qu’il est compris dans les mêmes limites.
VII. À l’origine des choses, le ciel et la terre, confondus ensemble, n’offraient d’abord qu’un aspect uniforme. Ensuite, les corps se séparèrent les uns des autres, et le monde revêtit la forme que nous lui voyons aujourd’hui ; l’air fut doué
- ↑ L’auteur se trompe ici de quelques années. Sept cent trente ans équivalent à cent quatre-vingt-deux olympiades et demie. Or, le commencement de la guerre des Gaulois, époque où Diodore termine son ouvrage, coïncide avec la première année de la CLXXXe olympiade. Il paraît donc probable que Diodore a confondu le commencement de la guerre des Gaulois avec celui de la guerre civile. Au reste, les erreurs de ce genre sont assez fréquentes dans l’ouvrage de Diodore.