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LIVRE I.

dans l’eau, mais elle lui procura l’immortalité. Horus paraît avoir été le dernier dieu qui ait régné en Égypte, après le départ de son père pour le séjour céleste. Horus signifie Apollon ; instruit par Isis, sa mère, dans la médecine et la divination, il rendit de grands services au genre humain par ses oracles et ses traitements des maladies.

XXVI. Les prêtres égyptiens comptent un intervalle d’environ vingt-trois mille ans depuis le règne d’Hélios jusqu’à l’invasion d’Alexandre en Asie. D’après leur mythologie, les dieux les plus anciens ont régné chacun plus de douze cents ans, et leurs descendants pas moins de trois cents. Comme ce nombre d’années est incroyable, quelques-uns essayent de l’expliquer en soutenant que le mouvement (de la terre) autour du soleil n’était pas « anciennement reconnu, et qu’on prenait pour l’année la révolution de la lune. Ainsi, l’année ne se composant que de trente jours, il n’est pas impossible que plusieurs de ces rois eussent vécu douze cents ans ; car aujourd’hui que l’année se compose de douze mois, il n’y a pas peu d’hommes qui vivent plus de cent ans. Ils allèguent des raisons semblables au sujet de ceux qui ont régné trois cents ans. Dans ces temps, disent-ils, l’année se composait de quatre mois[1], période qui comprenait les saisons qui se succèdent : le printemps, l’été et l’hiver. De la vient que l’année est appelée Horus[2] par quelques Grecs, et que les annales portent le nom de Horographies. Les Égyptiens racontent que c’est du temps d’Isis que naquirent ces êtres à plusieurs corps que les Grecs appellent géants, et que les Égyptiens représentent dans leurs temples comme des monstres

  1. Plutarque (t. I, p. 14) s’accorde avec Diodore, en soutenant que les Égyptiens avaient une année quadrimensuelle (τετράμηνον ἐνιαυτόν). Chaque saison comptait pour une année, et les saisons étaient au nombre de trois : le printemps, l’été, l’hiver. C’étaient là les saisons tripartites, τριμερεῖς ὧραι dont parle Eschyle (Prométhée, v. 454). Comparez Tacite, de Moribus Germanorum, c. 26.
  2. Voy. Plutarque (t. II, p. 611). Censorin., de Die natali, 19 : Sunt, qui tradant, hunc annum trimestrem Horum instituisse, eoque ver, œstatem, autumnum, hiemem, ὥρας, et annum, ὧρον dici, et Grœcos annales ὥρους, eorumque scriptores ὡρογράφους. Selon Hesychius, les horographes sont des historiographes, rédigeant l’histoire par année (ὡρογράφοι, ἱστοριογράφοι τὰ ϰατ’ἔτος πραττόμενα γράφοντες).