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Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/198

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CLITOMAQUE.

ayant point laissé. J’ai fait son épitaphe en vers logadiques et archébulins[1].

Muse, que veux-tu que je reprenne en Carnéade? On voit bien jusqu’où il craignait la mort : affligé d’une maladie étique, il ne voulut pont la terminer. On lui dit qu’Antipater avait fini sa vie en buvant du poison : Qu’on me donne, dit-il alors, qu’on me donne aussi… — Et quoi? lui dit-on. — Ah! qu’on me donne, reprit-il, du vin miellé ; ayant souvent à la bouche cette expression, que la nature qui l’avait composé saurait bien le dissoudre. Il n’en mourut pourtant pas moins, quoiqu’il négligeât l’avantage de descendre avec moins de maux chez les morts

On dit que ses yeux s’obscurcissaient quelquefois sans qu’il s’en aperçût ; de sorte qu’il avait dit à son domestique que quand cela lui arriverait, il apportât de la lumière; et lorsqu’il était averti qu’il y en avait, il disait à son domestique de lire. Il a eu plusieurs disciples, dont le plus célèbre fut Clitomaque, duquel nous parlerons; on fait mention d’un autre Carnéade, qui faisait des élégies, mais froides, et difficiles à entendre.



CLITOMAQUE.

Clitomaque de Carthage s’appelait, dans la langue de son pays, Asdrubal, et commença à s’appliquer à la philosophie dans sa patrie; il vint à Athènes à l’âge de quarante ans, et y étudia sous Carnéade. Ce philosophe, ayant connu son génie, l’instruisit dans les lettres, et prit tant de soin de le pousser, que non-seulement Clitomaque écrivit plus de quatre cents volumes, mais qu’il eut aussi l’honneur de remplacer son maître, dont il a commenté les sentences. Il acquit surtout une exacte connaissance des sentiments des académiciens, des péripatéticiens et des stoïciens.

  1. Les vers logadiques étaient des vers d’une certaine mesure appelés archébulins, d’un poëte nommée Archébule, qui s’en servait beaucoup. (Cœl., Ant., p.230 et 580.)