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Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/206

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ARISTOTE.

qu’elles rapportent des fruits doux; que le bienfait est ce qui vieillit le plus tôt; que l’espérance est le songe d’un homme qui vieille. Diogène lui présentant une figue sèche, il pensa s’il la refusait il lui donnerai quelque occasion de critique; il l’accepta donc, en disant : Diogène a perdu sa figue avec le mot qu’il voulait dire. En ayant accepté encore une, il l’éleva en l’air, comme les enfants, et la regarda en disant : O grand Diogène! et puis la lui rendit. Il disait que les enfants ont besoin de trois choses : d’esprit, d’éducation et d’exercice. On l’avertit qu’un méchant faisait tort à sa réputation : Laissez-le faire, dit-il, et qu’il me batte même, pourvu que je ne m’y rencontre pas. Il disait que la beauté est la plus forte de toutes les recommandations; mais d’autres veulent que ce soit Diogène qui la définissait ainsi, et qu’Aristote disait que la beauté est un don; Socrate, qu’elle est une tyrannie de peu de durée; Théophraste, une tromperie muette; Théocrite, un beau mal; Carnéade, une reine sans gardes.

on demandait à Aristote quelle différence il y avait entre une homme savant et un ignorant : Celle qu’il y a, dit-il, entre un homme vivant et un cadavre. Il disait que la culture de l’esprit sert d’ornement dans la prospérité, et de consolation dans l’adversité; de sorte que les parents qui font instruire leurs enfants méritent plus d’éloge que ceux qui se contentent de leur avoir donné la vie seulement; au lieu qu’un doit aux autres l’avantage de vivre heureusement. Quelqu’un se glorifiant d’être né dans une grande ville, il dit que ce n’était pas à cela qu’il fallait prendre garde, mais qu’il fallait voir si on était digne d’une patrie honorable. on lui demanda ce que c’était qu’un ami; il dit que c’était une ame qui animait deux corps. il disait qu’il y a des hommes aussi avares de leurs biens que s’ils devaient toujours vivre, et d’autres aussi prodigues que s’ils devaient mourir à chaque instant. Quelqu’un lui ayant demandé pourquoi