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ZÉNON.


sa main, et dit : Je viens de moi-même, ô mort ! pourquoi m’appelles-tu ?

En effet, il y a des auteurs qui assurent qu’il mourut de cette dernière manière, et voilà ce qu’on a à dire sur la mort de ce philosophe. Démétrius de Magnésie, dans son livre des Poètes de même nom, rapporte que Mnasée, père de Zénon, allait souvent à Athènes pour son négoce ; qu’il en rapportait des ouvrages philosophiques des disciples de Socrate ; qu’il les donnait à son fils ; que celui-ci, qui n’était encore qu’un enfant, prenait déjà dès lors du goût pour la philosophie ; que cela fut cause qu’il quitta sa patrie et vint à Athènes, où il s’attacha à Cratès. Le même auteur ajoute qu’il est vraisemblable qu’il mit fin aux erreurs où l’on était tombé au sujet des énonciations[1]. On dit aussi qu’il jurait par le câprier, comme Socrate par le chien. Il y a cependant des auteurs, du nombre desquels est Cassius le Pyrrhonien, qui accusent Zénon, premièrement de ce qu’au commencement de sa République il avance que l’étude des humanités est inutile ; en second lieu, de ce qu’il déclare esclaves et étrangers, ennemis les uns des autres, tous ceux qui ne s’appliquent pas à la vertu, sans même exclure les parents à l’égard de leurs enfants, les frères à l’égard de leurs frères, et les proches les uns à l’égard des autres. Ils l’accusent de plus d’assurer dans sa République qu’il n’y a que ceux qui s’adonnent à la vertu à qui appartienne réellement la qualité de parents, d’amis, de citoyens et de personnes libres ; de sorte que les stoïciens haïssent leurs parents et leurs enfants qui ne font pas profession d’être sages. Un autre grief est d’avoir enseigné, comme Platon dans sa République, que les femmes doivent être communes, et d’avoir insinué, dans un ouvrage qui contient deux cents versets, qu’il ne faut avoir dans les villes ni temples, ni tribunaux de justice, ni lieux d’exercice ; qu’il est à pro-

  1. Terme de logique qui revient à celui de proposition.