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Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/31

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THALÈS.

caché. Il disait que la vie n’a rien qui la rende préférable à la mort. Quelle raison vous empêche donc de mourir? lui dit-on. Cela même, dit-il, que l’un n’a rien de préférable à l’autre. Quelqu’un lui ayant demandé lequel avait précédé de la nuit ou du jour, il répondit que la nuit avait été un jour avant. Interrogé si les mauvaises actions échappaient à la connaissance des dieux : Non, répliqua-t-il, pas même nos pensées les plus secrètes. Un homme convaincu d’adultère lui demande s’il ne pourrait pas couvrir ce crime parjure. Que vous semble? lui répondit-il. Le parjure ne serait-il pas encore quelque chose de plus énorme? Requis de s’expliquer sur ce qu’il y avait de plus difficile, de plus aidé et de plus doux dans le monde, il répondit que le premier était de se connaître soi-même, le second de donner conseil, et le troisième d’obtenir ce qu’on souhaite. Il définit Dieu un être sans commencement et sans fin. On lui attribue aussi d’avoir dit qu’un vieux tyran est ce qu’il y a de plus rare à trouver; que le moyen de supporter les disgraces avec moins de douleur, c’est de voir ses ennemis encore plus maltraités de la fortune; que le moyen de bien régler sa conduite est d’éviter ce que nous blâmons dans les autres; qu’on peut appeler heureux celui qui jouit de la santé du corps, qui possède du bien, et dont l’esprit n’est ni émoussé par la paresse, ni abruti par l’ignorance; qu’il faut toujours avoir pour ses amis les mêmes égards, soit qu’ils soient présents ou absents; que la vraie beauté ne consiste point à s’orner le visage, mais à s’enrichir l’ame de science. N’amassez pas de bien par de mauvaises voies, disait-il encore. Ne vous laissez pas exciter par des discours contre ceux qui ont eu part à votre confiance, et attendez-vous à recevoir de vos enfants la pareille de ce que vous aurez fait envers vos père et mère.»

Le Nil mérita aussi son attention. Il dit que les débordements de ce fleuve étaient occasionnés par des vents