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Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/338

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ZÉNON.


tus, et Hécaton dans son deuxième livre des Biens. Car si la grandeur d’âme, qui est une partie de la vertu, suffit pour que nous surpassions tous les autres, la vertu elle-même est aussi suffisante pour rendre heureux, d’autant plus qu’elle nous porte à mépriser les choses que l’on répute pour maux. Néanmoins Panétius et Posidonius prétendent que ce n’est point assez de la vertu, qu’il faut encore de la santé, de la force de corps, et de l’abondance nécessaire. Une autre opinion des stoïciens est que la vertu requiert qu’on en fasse toujours usage, comme dit Cléanthe, parcequ’elle ne peut se perdre, et que lorsqu’il ne manque rien à la perfection de l’âme, le sage en jouit à toutes sortes d’égards.

Ils croient que la justice est ce qu’elle est, et non telle par institution. Ils parlent sur le même ton de la loi et de la droite raison, ainsi que le rapporte Chrysippe dans son livre de l’Honnête. Ils pensent aussi que la diversité des opinions ne doit pas engager à renoncer à la philosophie, puisque, par une pareille raison, il faudrait aussi quitter toute la vie, dit Posidonius, dans ses Exhortations. Chrysippe trouve encore l’étude des humanités fort utile. Aucun droit, selon les stoïciens, ne lie les hommes envers les autres animaux, parcequ’il n’y a entre eux aucune ressemblance, dit encore Chrysippe dans son premier livre de la Justice, de même que Posidonius dans son premier livre du Devoir. Le sage peut prendre de l’amitié pour des jeunes gens qui paraissent avoir de bonnes dispositions pour la vertu ; c’est ce que rapportent Zénon dans sa République, Chrysippe dans son premier livre des Vies, et Apollodore dans sa Morale. Ils définissent cet attachement : « Un goût de bienveillance qui naît des agréments de ceux qu’il a pour objet, et qui ne va point jusqu’à des sentiments plus forts, mais demeure renfermé dans les bornes de l’amitié[1]. » On

  1. Il faut prendre garde à cette définition, parcequ’elle justifie les anciens