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ZÉNON.


en a un exemple dans Thrason, qui, quoiqu’il eût sa maîtresse en sa puissance, s’abstint d’en abuser, parcequ’elle le haïssait[1]. Ils appellent donc cette inclination un amour d’amitié, qu’ils ne taxent point de vicieuse, ajoutant que les agréments de la première jeunesse sont une fleur de la vertu.

Selon Bion, des trois sortes de vies, spéculative, pratique et raisonnable, la dernière doit être préférée aux autres, parceque l’animal raisonnable est naturellement fait pour s’appliquer à la contemplation et à la pratique. Les stoïciens présument que le sage peut raisonnablement s’ôter la vie, soit pour le service de sa patrie, soit pour celui de ses amis, ou lorsqu’il souffre de trop grandes douleurs, qu’il perd quelque membre, ou qu’il contracte des maladies incurables. Ils croient encore que les sages doivent avoir communauté de femmes, et qu’il leur est permis de se servir de celles qu’on rencontre. Telle est l’opinion de Zénon dans sa République, de Chrysippe dans son ouvrage sur cette matière, de Diogène le cynique, et de Platon. Ils la fondent sur ce que cela nous engage à aimer tous les enfants comme si nous en étions les pères, et que c’est le moyen de bannir la jalousie que cause l’adultère. Ils pensent que le meilleur gouvernement est celui qui est mêlé de la démocratie, de la monarchie et de l’aristocratie. Voilà quels sont les sentiments des stoïciens sur la morale. Ils avancent encore sur ce sujet d’autres choses, qu’ils prouvent par des arguments particuliers ; mais c’en est assez de ce que nous avons dit sommairement sur les articles généraux.

Quant à la physique, ils en divisent le système en plusieurs parties ; c’est-à-dire en ce qui regarde les corps, les principes, les éléments, les dieux, les prodiges, le lieu, et le vide ; c’est là ce qu’ils appellent la division par

    philosophes du reproche qu’on a fait à quelques uns d’avoir de mauvais attachements.

  1. Casaubon croit cet endroit défectueux.