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PYTHAGORE.

clier, déjà tout pourri, et dont le temps n’avait épargné que la face d’ivoire ; qu’après le décès d’Hermotime, il revêtit le personnage de Pyrrhus, pêcheur de Délos ; que lui, Pythagore, avait présent à l’esprit tout ce qui s’était fait dans ces différentes métamorphoses ; c’est-à-dire qu’en premier lieu il avait été Æthalide, en second lieu Euphorbe, en troisième lieu Hermotime, en quatrième lieu Pythagore ; et qu’enfin il avait la mémoire récente de tout ce qu’on vient de dire.

Il y en a qui prétendent que Pythagore n’a rien écrit : mais ils se trompent grossièrement, n’eût-on d’autre garant qu’Héraclide le physicien. Il déclare ouvertement que Pythagore, fils de Mnésarque, s’est plus que personne exercé à l’histoire, et qu’ayant fait un choix des écrits de ce genre, il a donné des marques de science, de profonde érudition, et fourni des modèles de l’art d’écrire. Héraclide s’exprimait en ces termes, parceque, dans l’exorde de son Traité de physique, Pythagore se sert de ces expressions : Par l’air que je respire, par l’eau que je bois, je ne souffrirai pas qu’on méprise cette science. On attribue trois ouvrages à ce philosophe : un de l’Institution, un de la Politique, et un de la Physique ; mais ce qu’on lui donne appartient à Lysis de Tarente, philosophe pythagoricien, qui, s’étant réfugié à Thèbes, fut précepteur d’Épaminondas. Héraclide, fils de Sérapion, dit, dans l’Abrégé de Sotion, que Pythagore composa premièrement un poëme sur l’Univers ; ensuite un discours des Mystères, qui commence par ces mots : « Jeunes gens, respectez en silence ces choses saintes ; » en troisième lieu, un traité sur l’Ame ; en quatrième lieu, un sur la Piété ; en cinquième lieu, un autre qui a pour titre : Hélothale, pêre d’Épicharme de Co ; en sixième lieu, un ouvrage intitulé Crotone, et d’autres. Quant au Discours mystique, on le donne à Hippasus, qui le composa exprès pour décrier Pythagore. Il y a encore plusieurs ouvrages d’Aston de Crotone qui ont couru sous le nom du même