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PYTHAGORE.

pents, en punition des choses qu’il avait attribuées aux dieux ; qu’il y fut aussi témoin des supplices infligés à ceux qui ne s’acquittent pas envers leurs femmes des devoirs de maris ; et que par tous ces récits Pythagore se rendit fort respectable parmi les Crotoniates. Aristippe de Cyrène observe, dans son traité de Physiologie, que le nom de Pythagore, donné à ce philosophe, fait allusion à ce qu’il passait pour dire la vérité, ni plus ni moins qu’Apollon Pythien lui-même. On dit qu’il recommandait à ses disciples de se faire ces questions à chaque fois qu’ils rentraient chez eux : Par où as-tu passé ? qu’as-tu fait ? quel devoir as-tu négligé de remplir ? Il défendait d’offrir aux dieux des victimes égorgées, et voulait qu’on ne fît ses adorations que devant des autels qui ne fussent pas teints du sang des animaux. Il interdisait les jurements par les dieux ; jurements d’autant plus inutiles que chacun pouvait mériter par sa conduite d’en être cru sur sa parole. Il voulait qu’on honorât les vieillards, parceque les choses qui ont l’avantage de la priorité de temps exigent plus d’estime que les autres, comme, dans la nature, le lever du soleil est plus estimable que le coucher ; dans le cours de la vie, son commencement plus que sa fin ; dans l’existence, la génération plus que la corruption. Il recommandait de révérer les dieux avant les démons[1], les héros plus que les mortels, et ses parents plus que les autres hommes. Il disait qu’il faut converser avec ceux-ci de manière que d’amis ils ne deviennent pas ennemis ; mais tout au contraire, que d’ennemis on s’en fasse des amis. Il n’approuvait pas qu’on possédât rien en particulier, exhortait chacun à contribuer à l’exécution des lois, et à s’opposer à l’injustice.

Il trouvait mauvais que l’on gâtât ou détruisît les arbres dans le temps de la maturité de leurs fruits, et que l’on maltraitât les animaux qui ne nuisent point aux

  1. Autrement les demi-dieux.