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SOLON.

lon le cours de la lune. Il fit interdire les tragédies que présentait Thespis et ses leçons de théâtre, comme n’étant que de vains mensonges; et ce fut par une suite de ce système que quand Pisistrate se fut blessé volontairement, il attribua cet artifice aux mauvaises instructions des théâtres.

Apollodore, dans son livre des Sectes des Philosophes, nous a transmis les principes que Solon inculquait ordinairement. « Croyez, disait-il, que la probité est plus fidèle que les serments. Gardez-vous de mentir. Méditez des sujets dignes d’application. Ne faites point d’amis légèrement, et conservez ceux que vous avez faits. Ne briguez point le gouvernement qu’auparavant vous n’ayez appris à obéir. Ne conseillez point ce qui est le plus agréable, mais ce qui est le meilleur. Que la raison soit toujours votre guide. Évitez la compagnie des méchants. Honorez les dieux, et respectez vos parents. »

On dit que Mimnerme ayant inséré dans quelque ouvrage cette prière qu’il adressait aux dieux, « Veuille la parque trancher le fil de mes jours à l’âge de soixante ans, sans maladie ni angoisses, » Solon le reprit en ces termes : Si vous me croyez propre à nous donner une leçon, effacez cela et ne me sachez pas mauvais gré de ce que je censure un homme tel que vous; corrigez ce passage, et dites : « Que la parque finisse ma vie lorsque je sera parvenu à l’âge de quatre-vingts ans. »

Il nous a aussi laissé des préceptes en vers, entre autres ceux-ci : « Si vous êtes prudent, vous observerez les hommes de près, de crainte qu’ils ne vous cachent ce qu’ils ont dans l’ame. Souvent la haine se déguise sous un visage riant, et la langue s’exprime sur un ton d’ami, pendant que le cœur est plein de fiel. » On sait que Solon écrivit des lois, des harangues, et quelques exhortations adressées à lui-même; ses élégies, tant celle qu’il fit sur Salamine que celles qui roulaient sur la république d’Athènes, contiennent environ cinq mille vers; il écrivit