Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/464

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et sans pudeur, et l’accable en même temps d’injures.

Timocrate, frère de Métrodore et disciple d’Épicure, s’étant séparé de son école, a laissé dans ses livres intitulés de la Joie, qu’il vomissait deux fois par jour, à cause qu’il mangeait trop ; que lui-même avait échappé avec beaucoup de peine à sa philosophie nocturne, et au risque d’être seul avec un tel ami ; [7] qu’Épicure ignorait plusieurs choses sur la philosophie, et encore plus sur la conduite de la vie ; que son corps avait été si cruellement affligé par les maladies, qu’il avait passé plusieurs années sans pouvoir sortir du lit, ni sans pouvoir se lever de la chaise sur laquelle on le portait ; que la dépense de sa table se montait par jour à la valeur d’une mine, monnaie attique, comme il le marque dans la lettre qu’il écrit à Léontie, et dans celle qu’il adresse aux philosophes de Mitylène, et que Métrodore et lui avaient toujours fréquenté des femmes de la dernière débauche ; mais surtout Marmarie, Hédia, Érosie et Nicidia.

Ses envieux veulent que, dans les trente-sept livres qu’il a composés de la Nature, il y répète souvent la même chose ; qu’il y censure les ouvrages des autres philosophes, et particulièrement ceux de Nausiphane, disant de lui mot pour mot :

« Jamais sophiste n’a parlé avec tant d’orgueil et de vanité, et jamais personne n’a mendié avec tant de bassesse le suffrage du peuple. »

[8] Et dans ses Épîtres contre Nausiphane, il parlait ainsi :

« Ces choses lui avaient tellement fait perdre l’esprit, qu’il m’accablait d’injures, et se vantait d’avoir été mon maître. »

Il l’appelait Poumon, comme pour montrer qu’il n’avait aucun sentiment. Il soutenait d’ailleurs qu’il était ignorant, imposteur et efféminé.

Il voulait que les sectateurs de Platon fussent nommés les flatteurs de Denys, et qu’on lui donnât l’épithète de Doré, comme à un homme plein de faste ; qu’Aristote s’était abîmé dans le luxe ; qu’après la dissipation de son bien,