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Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/476

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nions le nom de croyance, qu’ils distinguent en vraie et en fausse. La vraie est celle que quelque témoignage, ou appuie, ou ne combat ; la fausse n’a aucun témoignage en sa faveur, ou n’en a d’autre que contre elle. C’est ce qui leur a fait introduire sur ce sujet l’expression d’attendre, comme, par exemple, d’attendre qu’on soit proche d’une tour, pour juger de près de ce qu’elle est.

Ils reconnaissent deux passions auxquelles tous les animaux sont sujets, le plaisir et la douleur. Ils disent que l’une de ces passions nous est naturelle, l’autre étrangère, et qu’elles nous servent à nous déterminer dans ce que nous avons à choisir et à éviter par rapport aux biens et aux maux. Ils distinguent aussi les questions en celles qui regardent les choses mêmes, et en d’autres qui concernent leurs noms. Voilà ce qu’il fallait dire sur la manière dont ces philosophes partagent la philosophie, et sur ce qu’ils envisagent comme caractère de vérité.

Revenons à présent à la lettre dont nous avons fait mention.

Épicure à Hérodote, Joie.

« Comme il y a des gens, savant Hérodote, qui ne peuvent absolument se résoudre à examiner toutes les questions que nous avons traitées sur la nature, ni à donner leur attention aux grands ouvrages que nous avons publiés sur ce sujet, j’ai réduit toute la matière en un abrégé, afin que, pour autant qu’il m’a paru suffire à aider leur mémoire, il leur serve de moyen à se rappeler facilement mes opinions en général, et que, par ce secours, ils retiennent en tout temps ce qu’il y a de plus essentiel, selon le degré auquel ils auront porté l’étude de la nature. Ceux même qui ont fait quelques progrès dans la contemplation de l’univers doivent avoir présente à l’esprit toute cette matière, qui consiste dans ses premiers éléments, puisque nous avons plus souvent besoin d’idées générales que d’idées particulières. Nous nous attacherons donc à cette matière et à ces éléments, afin que, traitant les questions principales, on se rappelle les particulières, et qu’on s’en fasse de justes idées par le moyen d’idées générales dont on aura conservé le sou-