Page:Diogène Laërce - Vies, édition Lefèvre,1840.djvu/481

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

séparées, nourries d’ailleurs par les atomes qui les produisent, l’idée que nous avons reçue dans la pensée ou dans les sens, soit d’une forme, soit d’un accident, nous représente la forme même du solide par le moyen des espèces qui se succèdent (03).

« Il y a erreur dans ce que nous concevons, s’il n’est confirmé par un témoignage ou s’il est contredit par quelque autre, c’est-à-dire, si ce que nous concevons n’est pas confirmé par le mouvement qui s’excite en nous-mêmes conjointement avec l’idée qui nous vient, et qui est suspendu dans les cas où il y a erreur :

[51] « car la ressemblance des choses que nous voyons dans leurs images, ou en songe, ou par les pensées qui tombent dans l’esprit, ou par le moyen de quelque autre caractère de vérité, ne serait pas conforme aux choses qu’on appelle existantes et véritables, s’il n’y en avait pas d’autres auxquelles nous rapportons celles-là et sur lesquelles nous jetons les yeux. Pareillement, il n’y aurait point d’erreur dans ce que nous concevons, si nous ne recevions en nous-mêmes un autre mouvement qui est bien conjoint avec ce que nous concevons, mais qui est suspendu. C’est du ce mélange d’une idée étrangère avec ce que nous concevons, et d’une idée suspendue, que provient l’erreur dans ce que nous concevons, et qui fait qu’il doit ou être confirmé ou n’être pas contredit. Au contraire, nos conceptions sont vraies lorsqu’elles sont confirmées ou qu’elles ne sont pas contredites.

[52] « Il importe de bien retenir ce principe, afin qu’on ne détruise pas les caractères de vérité en tant qu’ils concernent les actions, ou que l’erreur, ayant un égal degré d’évidence, n’occasionne une confusion générale.

« L’ouïe se fait pareillement par le moyen d’un souffle qui vient d’un objet parlant, ou résonnant, ou qui cause quelque bruit, ou en un mot de tout ce qui peut exciter le sens de l’ouïe. Cet écoulement se répand dans des parties similaires qui conservent un certain rapport les unes avec les autres, et étendent leur faculté comme une unité, jusqu’à ce qui reçoit le son, d’où naît la plupart du temps une sensation de la chose qui a envoyé le son, telle qu’elle est ; ou, si cela n’a pas lieu, on connaît seulement qu’il y a quelque chose au dehors ;

[53] car, sans une certaine sympathie transportée de l’objet qui résonne, il ne se ferait point de semblable sensation. On ne doit donc pas s’imaginer que l’air reçoit une certaine figure par