Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/171

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convoitise, en ce que c’est un desir raisonnable. Et comme il y a des sentiments qu’on range sous les passions primitives, il y en a aussi qu’on place sous les affections de cette espèce. Ainsi à la volonté on subordonne la bienveillance, l’humeur pacifique, la civilité, l’amitié ; à la circonspection, la modestie & la pureté ; à la joye ; le contentement, la gayeté, la bonne humeur.

Les Stoïciens prétendent que le Sage est sans passions, parce qu’il est exempt de fautes. Ils distinguent cette apathie d’une autre mauvaise qui ressemble à celle-ci, & qui est celle des gens durs, & que rien ne touche. Ils disent encore que le Sage est sans orgueil, parce qu’il n’estime pas plus la gloire que le deshonneur ; mais qu’il y a un autre mauvais mépris de l’orgueil, qui consiste à ne pas se soucier comment on agit. Ils attribuent l’austérité aux Sages, parce qu’ils ne cherchent point à paroître voluptueux dans leur commerce, & qu’ils n’approuvent pas ce qui part des autres & porte ce caractère. Ils ajoutent qu’il y a une autre austérité, qu’on peut comparer au vin rude dont on sert pour les médecines, mais qu’on ne présente point à boire. Ils disent encore que les Sages sont éloignés de tout déguisement, qu’ils prennent garde à ne se pas montrer meilleurs qu’ils ne sont par un extérieur composé, sous lequel on cache ses défauts & on n’étale que ses bonnes qualités. Ils n’u-