Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/170

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fureur est une colere qui emporte. Quant à la volupté, c’est une ardeur pour une chose qui paroît souhaitable. Elle comprend la délectation, le charme, le plaisir qu’on prend au mal, la dissolution. La délectation est le plaisir qui flatte l’oreille ; le plaisir malicieux, celui qu’on prend aux maux d’autrui ; le charme, une sorte de renversement de l’ame, ou une inclinaison au relâchement ; la dissolution, le relâchement de la vertu. De même que le corps est sujet à de grandes maladies, comme la goute & les douleurs qui viennent aux jointures ; de même l’ame est soumise à de pareils maux, qui sont l’ambition, la volupté & les vices semblables. Les maladies sont des dérangements, accompagnés d’affoiblissement ; & cette opinion subite, qu’on prend d’une chose qu’on souhaite, est un dérangement de l’ame. Comme le corps est aussi sujet à des accidens, tels que les catharres & les diarrhées ; ainsi il y a dans l’ame certains sentimens qui peuvent l’entrainer, tels que le penchant à l’envie, la dureté, les disputes & autres semblables.

On compte trois bonnes affections de l’ame, la joye, la circonspection, la volonté. La joye est contraire à la volupté, comme étant une ardeur raisonnable ; la circonspection, contraire à la crainte, comme consistant dans un éloignement raisonnable. Le Sage ne craint jamais : mais il est circonspect. La volonté est contraire à la