Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/210

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que les termes analogues ne désignent pas toujours des choses, ni des actions analogues. Quelque autre garçon discourait en sa présence. Il lui demanda s’il avoit du sentiment.,,Oui, dit l’autre" ; Et comment donc se fait-il, repliqua Cléanthe, que je ne senta pas que tu en ayes ? Un jour Sosithée le poëte déclama contre lui sur le théatre en ces termes, Ceux que la folie de Cléanthe mene comme des bœufs ; mais quoiqu’il fût présent, il ne perdit point contenance. Les spectateurs applaudirent à son sang froid, & chasserent le déclamateur. Celui-ci s’étant ensuite repenti de l’avoir injurié, Cléanthe l’excusa, & dit qu’il ne lui conviendrait pas de conserver du ressentiment pour une petite injure, tandis que Bacches & Hercule ne s’irritent pas des insultes que leur font les poëtes.

Il comparait les péripatéticiens aux instrumens de musique, qui rendent des sons agréables ; mais ne s’entendent pas eux-même. On raconte qu’ayant un jour avancé l’opinion de Zénon, qui soutient que l’on peut juger des mœurs par la physionomie, quelques jeunes gens d’humeur bouffonne lui amenerent un campagnard libertin qui avoit les marques d’un homme endurci aux travaux de la campagne & prierent Cléanthe de leur apprendre quel étoit son caractere. Il hésita quelque tems, & ordonna au personnage de se retirer. Cet homme, en tournant le dos,