Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/308

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raconte que ce faut un certain Crates qui le premier fit connaître ce livre en Grece, & qui en avoit cette idée, qu’il faudroit être nageur de Delos pour ne pas y suffoquer. ce livre d’Héraclite est différemment intitulé, Les Muses par les uns, De la nature par les autres. Diodote le désigne sous ce titre : Le moyen de bien conduire sa Vie ; d’autres le distinguent sous celui-ci : La science des Moeurs, renfermant une règle de conduite universelle.

Héraclite, interrogé, pourquoi il ne répondait pas à ce qu’on lui demandait, répliqua : C’est afin que vous parliez. Il fut recherché de Darius, & ce prince avoit tant d’envie de jouïr de sa compagnie, qu’il lui écrivit cette lettre.

Le roi Darius, fils d’Hystaspe, au sage Héraclite d’Epebese, salut.

Vous avez composé un livre sur la nature, mais en termes si obscurs & si couverts qu’il a besoin d’explication. En quelques endroits si on prend vos expressions à la lettre, il semble que l’on ait une théorie de l’univers, des choses qui s’y font, & qui cependant dépendent d’un mouvement de la puissance divine. On est arrêté à la lecture de la plupart des passages ; de sorte que ceux mêmes, qui ont manié le plus de volumes, ignorent ce que vous avez