Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/374

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donne pas aux apparences une force égale. Ils répondent que quand les apparences excitent des idées différentes, ils disent cela même qu'il y a diverses apparences, & que c'est pour cela qu'ils font profession de n'admettre que ce qui paroît.

Quant à la fin qu'il faut se proposer, les Pyrrhoniens veulent que ce soit la tranquillité d'esprit, qui suit la suspension du jugement à peu près comme l'ombre accompagne un corps, s'expriment Timon & Ænesideme. Ils avancent que les choses, qui dépendent de nous, ne sont pas un sujet de choix ou d'aversion, excepté celles qui excédent notre pouvoir, & auxquelles nous sommes soumis par une nécessité que nous ne pouvons éviter, comme d'avoir faim & soif, ou de sentir de la douleur; choses contre lesquelles la raison ne peut rien. Sur ce que les Dogmatistes leur demandent comment un Sceptique peut vivre, sans se dispenser, par exemple, d'obéir si on lui ordonnoit de tuer son pere, ils répondent qu'ils ne savent pas comment un Dogmatiste pourroit vivre en s'abstenant des questions, qui ne regardent point la vie & la conduite ordinaire. Ils concluent enfin qu'ils choisissent & évitent certaines choses en suivant la coutume, & qu'ils reçoivent l'usage des Loix. Il y en a qui prétendent que les Pyrrhoniens établissoient pour fin l'exemption de passions; d'autres la douceur.