Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/130

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est souvent répété ; que la sagesse est un bien non pas par elle-même, mais à cause des avantages qu’elle procure ; que l’amitié n’a de valeur qu’en vue de l’utilité qui en résulte, à peu près comme les membres aussi longtemps qu’ils sont unis au corps ; qu’il y a des vertus communes aux sages et à ceux qui ne le sont pas ; que l’exercice du corps est utile à la vertu ; que le sage n’est ni envieux, ni enclin aux mauvaises passions, ni superstitieux, parce que tous ces vices ne tiennent qu’à de vains préjugés ; que cependant il est accessible au chagrin et à la crainte, ces maux étant inhérents à notre nature ; enfin que la richesse doit être recherchée, non pour elle-même, mais comme moyen de plaisir.

Ils admettent aussi que les sensations sont accompagnées d’une connaissance claire et certaine, mais seulement les sensations, leurs causes ne pouvant être perçues. Aussi négligent-ils la recherche des causes physiques, sous prétexte que cette étude ne peut donner aucune certitude. Quant à la logique ils la cultivent à cause de son utilité. Cependant Méléagre, au second livre des Opinions philosophiques, et Clitomaque, dans le premier livre des Sectes, affirment qu’ils méprisent également la physique et la dialectique, persuadés que la seule connaissance des vrais biens et des vrais maux suffit pour raisonner juste, pour s’affranchir de la superstition et se délivrer des craintes de la mort.

Ils disent que rien n’est en soi juste, honnête ou honteux, et que ces distinctions ne viennent que des lois et de la coutume ; que cependant le sage doit les respecter, par égard pour l’opinion et dans la crainte des châtiments. Quant à ces questions : le sage existe-t-il ; le progrès est-il possible dans la philosophie et