Page:Diogène Laërce - Vies et doctrines des philosophes de l’Antiquité, trad. Zévort.djvu/245

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estimables que ceux qui leur ont seulement donné le jour : aux uns on ne doit que la vie ; on doit aux autres l’avantage de bien vivre. »

Un homme se vantait devant lui d’être d’une grande ville : « Ce n’est pas là ce qu’il faut considérer, lui dit-il ; il faut voir si l’on est digne d’une patrie illustre. »

Quelqu’un lui ayant demandé ce que c’est qu’un ami, il répondit : « Une même âme en deux corps. »

Il disait que parmi les hommes les uns économisent comme s’ils devaient vivre éternellement, et les autres prodiguent leur bien comme s’ils n’avaient plus qu’un instant à vivre.

On lui demandait pourquoi on aime à être longtemps dans la compagnie de la beauté : « C’est là, dit-il, une question d’aveugle. »

Interrogé une autre fois sur les avantages que lui avait procurés la philosophie, il dit : « Je lui dois de faire sans contrainte ce que les autres ne font que par la crainte des lois. »

On lui demandait ce que doivent faire des disciples pour profiter, il répondit : « Tâcher d’atteindre ceux qui sont devant, sans attendre ceux qui sont derrière. »

Un bavard lui ayant dit, après l’avoir accablé d’injures : « T’ai-je assez étrillé maintenant ? » il répondit : « Je ne t’ai pas même écouté. »

On lui reprochait d’avoir fait du bien à un homme peu estimable (car on rapporte aussi ce trait de cette manière) : « Ce n’est pas l’homme, dit-il, que j’ai eu en vue, mais l’humanité. »

Quelqu’un lui ayant demandé comment il fallait en agir avec ses amis, il répondit : « Comme nous voudrions qu’ils en agissent avec nous. »

Il définissait la justice : « une vertu qui consiste à